To the edge of breaking down ... [pv myra]

Myra rodait dans les couloirs depuis un moment déjà, complétement perdue et dépaysée. Elle était sortie du bureau du Directeur une boule au ventre. Elle n'avait vécu ses derniers jours que dans un but. Arriver ici. Et maintenant qu'elle y était elle se sentait complètement vide, fatiguée, exténuée. Comme un auteur qui durant des mois écrit sans relâche et qui le jour où son livre est enfin publié, se retrouve à nouveau avec un vide sur son bureau. Perdue. Comme une enfant qui quitte son foyer pour un autre. Ou non. Plutôt comme quelqu'un qui à déjà quitté son foyer pour aller voir ailleurs. Et qui, une fois qu'il y revient, découvre un monde qui diffère totalement de ses souvenirs.

Elle avait arpentés les étages de l'école, passant devant des classes plus où moins calmes, tendant l'oreille pour écouter l'objet du cours, des pièces vides, croisant des étudiants en retard qui se pressaient pour rejoindre leur salle. Certains passaient à côté d'elle sans la remarquer, d'autres levaient la tête, certainement attirés par sa longue chevelure rouge qui flamboyaient comme un signal d'alarme depuis qu'ils avaient réussi à se sécher de l'averse qu'elle avait essuyée en arrivant.

Elle passa devant un pièce désignée comme étant l'infirmerie des lieux, ralentit en passant devant et repartit de son allure coutumière quand une odeur particulière lui insinua un frisson qui lui remonta malicieusement l'échine. Elle ne savait pas qui pouvait s'en occuper, mais quelque chose lui soufflait qu'elle n'était pas pressée de la rencontrer. Plus loin elle trouva la salle des professeurs, et bien que sachant qu'elle la trouverait vide à cette heure y jeta tout de même un œil. La décoration bien que sommaire, sentait le confort et la convivialité. Elle referma doucement la porte et poursuivi son exploration.

Ses pas la portèrent finalement jusqu'à la bibliothèque. Elle y rentra rassurée. Ces lieux lui avaient toujours rappelés la région où elle avait grandit. Un imposant amalgame de connaissances et de sagesse. L'un à ciel ouvert, construit par la Nature, se nourrissant du temps qui passe, ouvert à qui savait l'entendre, l'autre créer pour protéger du temps les connaissances accumulées par l'esprit humain, ouverte à tous. L'endroit semblait désert. Elle guida ses pas jusqu'au rayon mythologique et tandis la main vers un ouvrage qu'elle connaissait bien pour l'avoir lu et relu lorsqu'elle ce trouvait en France. Brocéliande. Ses sens s'attardèrent sur la couverture de cuir vieilli et ses odeurs fugaces de mort. Elle serra le livre contre sa poitrine inconsciemment, en continuant d'arpenter le rayon, jetant distraitement un œil à son contenu, l'esprit ailleurs, le pas fluide et léger de ceux qui n'appartiennent plus vraiment au monde auquel ils sont rattachés, mais qui ne peuvent pas faire autrement que d'y évoluer encore. Elle vit danser devant ses yeux des formes aux couleurs de feu tout droit sorties de sa mémoire. Puis une silhouette bien réelle se dressa dans ses délires. Elle ferma les yeux pour préserver encore un peu les flammes de ses souvenirs. Une odeur humaine. Bien réelle. Elle rouvrit les yeux et découvrit un jeune homme, certainement un étudiant, qui s'étirait, assis à une table. Elle avait oublié le livre serrait contre son cœur comme une partie indissociable de son être.

L'individu semblait avoir remarqué sa présence autant qu'elle la sienne il y avait quelques minutes à peine. Enfin quelqu'un qui ne semblait pas complétement occupé, pensa-t-elle, amusée. Elle avança de quelques pas en s'éclaircissant la gorge. Elle n'aimait pas surprendre les gens. En général. Elle y trouvait une façon mesquine d'imposer sa supériorité. Le jeune homme ne sembla pas remarquer plus qu'avant sa présence. Elle avança encore un peu et posa une main aux ongles plus longs que la norme et manucurés avec soin sur son épaule, sans lâcher le livre.

-Excusez-moi...? souffla-t-elle d'un voix au odeurs de sous-bois, cherchant à afficher un sourire amical.