L'école du Dahlia Noir
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 Pluie qui m'accueille [terminé]

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MessageSujet: Pluie qui m'accueille [terminé]   Pluie qui m'accueille [terminé] Icon_minitimeLun 25 Mai - 12:57

O toi, pluie divine, qui m'accueille, pluie rafraichissante, fertilisante, qui fera renaître la nature.. t'aurais pas pu choisir un autre moment pour tomber? Parce que là, j'ai l'air de quoi, moi? D'une souillon trempée, je sais! Merci, vraiment... Je vais faire bonne impression.

Pousse la porte, Al', pas la peine de t'éterniser dehors.

… Je ne sais pas, je m’attendais à autre chose. Mieux. En plus il y a personne pour m’accueillir. D’accord, il n’est que cinq heure du matin, et mon arrivée était prévue dans quatre heures, mais ce n’est pas une raison, vraiment pas. En plus, avec la pluie qui bat le pavé, dehors, vous pensez bien que je suis trempée. Le vent a emporté mon parapluie, et le chauffeur de taxi a refusé de porter mes affaires. Plus jamais je ne prendrai cette compagnie.

Il faut que je vous résume la situation ? Je suis dans le hall d’entrée de cette école, une sorte de caverne lugubre, grelottant de froid, une flaque de pluie autour de moi, mes valises posées à mes pieds. Enervée, je repousse du bout de mes doigts glacés une mèche de cheveux bleus que la pluie à collé à mon front. Va ! Va rejoindre tes sœurs qui pendant, autour de ma tête, comme de vilains morceaux de corde. Quelle humiliation ! Heureusement, il n’y a personne ici pour me voir. Même si j’accepterais volontiers l’aide d’un concierge stupide et inférieur… du genre à n’être écouté par personne.

Soupir appuyé. Et bien, je n’ai plus qu’à chercher par mes propres moyens quelqu’un de peu important à réveiller. Je ne voudrais pas apparaître dans cet état devant une potentielle proie, comprenez… Enfin, je pourrais toujours jouer le rôle de la pauvre demoiselle en détresse. L’idée est assez peu plaisante, mais sans doute sage et je me prépare à ce rôle. Le schances de croiser une personne intéressante sont faibles, évidemment, mais qui sait ? Le sort a parfois d’étranges façons de vous aider.

.. Comme si j’étais d’humeur à passer pour une faible et charmante jeune fille ? Notez qu’avec la tête que je dois avoir – merci la pluie, merci le chauffeur – je n’ai pas beaucoup d’efforts à mettre en œuvre. Juste à surveiller ma langue, rien de très compliqué. En attendant, je regarde autour de moi. Est-ce l’absence de lumière qui rend les lieux si lugubres ? Et cette décoration… affreux. On ne mélange pas ainsi les époques et les styles, c’est du plus mauvais goût. Je le signalerai dès que j’aurai trouvé le responsable de ce carnage. Individuellement, tout est d’assez bon goût, un peu trop chaleureux, peut-être, mais j’ai vu pire. Mais ce méli-mélo…

… C’est bien beau, un hall. Mais ils ne connaissent pas cette habitude assez courante d’utiliser des panneaux pour conduire les pas du visiteur vers des lieux stratégiques, comme le secrétariat ? Je vais finir par regretter les nonnes et leurs prières. Le hall se termine sur une intersection. Posant ma valise là, je tourne lentement sur moi même. Où dois-je aller ? un tout. Un arrêt. Un deuxième tour, un nouvel arrêt… puis je me mets à tournoyer, de plus en plus vite, avec un léger sourire, qui se tranforme en franc éclat de rire.

A force de trop tournoyer, je manque perdre l’équilibre et me rattrape in extremis à ma valise, alors que le monde autour de moi continue à tanguer dangereusement, ignorant la vague de bonheur qui m’enveloppe. Derrière mes paupières closes, je me rassure, enfin. J’ai eu si peur de venir ici, mais je survivrai. Evidemment. Evidemment. Je me mords les lèvres, étouffant ce rire qui devient nerveux, ravalant mes craintes. Ce n’est pas l’heure des doutes, non ! Je suis ici avec un but précis. Trouver un riche héritier à plumer et/ou épouser. Plumer, de préférence, je susi encore un peu jeune pour me marier.

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Gabriel Ahmon

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MessageSujet: Re: Pluie qui m'accueille [terminé]   Pluie qui m'accueille [terminé] Icon_minitimeMar 26 Mai - 22:54

Une faible lumière auréolait sa chevelure blonde et humide, la faisant scintillant comme des brindilles d’or éclatantes. Lorsqu’elle virevolta sur ses pieds, ce même rayon lunaire éblouit ses traits extatiques et son sourire ravi. Ses vêtements, imbibés d’eau, moulaient ses formes féminines et lui conféraient une allure d’étrangeté. Est-ce une créature de la nuit, vivant à l’insu des humains pour danser dans les couloirs obscurs et silencieux de cet établissement afin d’attirer dans ses vils filets de pauvres hommes envoutés ? Toutefois, la banalité de son accoutrement me soufflait qu’il s’agissait d’une véritable humaine quelque peu troublante. Néanmoins, cette vision mystique et spectrale demeurait en soi une apparition agréable à l’œil nue. Le décor, la luminosité et l’ambiance me suggéraient un moment idéal pour la photographier sous tous les angles, alors qu’elle n’a guère conscience d’un appareil photo dirigé dans sa direction elle.

Tapi dans les ombres, j’activai mon appareil et ajustai l’objectif, l’immortalisant sur des clichés sombres en vue de fournir davantage ma collection de photographies d’inconnus. Je me déplaçai d’une ombre à l’autre, veillant à ce que mes pas lui soient inaudibles, usant de son inattention pour abuser du petit «click» de ma machine. La jeune femme, sourde aux petites détonations qui se répercutaient dans la pièce, tournoya de plus en plus vite, chancelant parfois, mais se reprenant toujours au bon moment. Elle tournait avec élégance et grâce, heureuse et confiante dans sa solitude. Mes images étaient prometteuses. Je me permis un pâle sourire et émis un léger grognement dès l’instant où elle s’immobilisa, éclatant de rire. Seulement, sa tête rejetée vers l’arrière me découvrait sa gorge ivoire et séduisante, de très jolies photos débordantes d’émotions.

Par contre, j’en vins à remarquer que je me tenais tout près d’elle, l’œil de mon appareil allongé pour la scruter et la toiser ouvertement. Je m’étais peut-être avancé, sans m’en rendre réellement compte, trop occupé par mes pensées et par ma tâche. Je constatai que ses prunelles turquoise, inexpressives et froides, me jaugeaient méthodiquement. Elle se maintenait droite, le port rigide, le menton effrontément relevé. Je ne pus m’empêcher de prendre une dernière photo de cette image calme d’une jeune fille perdue dans les ténèbres du Black Dhalia. Malgré tout, je rougis et reculai de quelques pas incertains, évitant de croiser à nouveau son regard, gêné par mon manque de tact. Intimidé par sa présence, par mon interruption dans sa danse enfiévrée ou tout simplement embarrassé de m’être découvert face à cette inconnue.

Jetant un coup d’œil désespéré derrière mon épaule, j’eus l’irrésistible impulsion de galoper jusqu’à un endroit noir et loin de ses yeux évaluateurs. Je reculai d’un pas, observai l’intruse, lorgnai les voiles sombres dont l’école se drapait à la nuit tombée et me figeai brusquement. Mes doigts se crispèrent sur mon appareil photo, par angoisse ou par envie de s’en servir. Je dus me contrôler pour réduire les risques d’humiliation face à cette fille. Je ne crois pas qu’elle apprécierait grandement que je poursuive ma petite séance de photos ; elle doit déjà s’interroger sur mon identité et sur ma santé mentale. Je déglutis péniblement et me bornai à fixer les dalles de pierre sur mes pieds, agitant nerveusement mes orteils dans mes chaussettes.

Peu à peu que le temps file, le hall s’éclaircit, me dissuadant méchamment de courir me réfugier. J’inspirai profondément, réfrénant des vagues d’anxiété qui menaçaient de me submerger furieusement. Que voulez-vous, les filles me gênent. Elles me gênent avec leurs grands yeux innocents, mais qui dissimulent une personnalité retorse et complexe. Elles me gênent avec leurs courbes inquiétantes, mais source de tentation et de faiblesse chez l’homme. Je n’aime la femme que dans mes créations artistiques, autrement, elle m’effraie. Cependant, je suis le seul présentement, à des kilomètres à la ronde malheureusement, qui a connaissance d’une étrangère dans l’école.

-Je peux peut-être…vous aider ? fis-je, réticent.
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MessageSujet: Re: Pluie qui m'accueille [terminé]   Pluie qui m'accueille [terminé] Icon_minitimeMer 27 Mai - 13:32

Vision grotesque et fantastique, une silhouette humaine cyclopéenne, à l’œil unique sombre et luisant, capturant un instant d’infini pour le mettre sur papier. Perchée sur deux jambes semblants interminables et malingres, un torse maigre, deux bras et, sans doute, camouflée derrière un appareil photo, une tête humaine. Imaginez ma surprise de me retrouver face à cette fantasque créature surgie de l’ombre. Mon rire se meurt, mon regard se glace et devant une pareille taille, je redresse un menton insolant, exigeant silencieusement des explications sur cette intrusion.

A cent à l’heure… A deux cent à l’heure bat mon cœur, effréné, effrayé, et le rose me monte aux joues, alors que je pince les lèvres et tente de garder l’air hautain, indigné. Ces photos n’ont pas lieu d’être… Et il ose en prendre une dernière, l’homme araignée à l’œil unique, avant de retirer son masque et de reculer. Bien ! Sois gêné ! Regrette ton geste, tu n’avais pas le droit de me fixer ainsi sur la pellicule, alors que je suis dans un tel état, les cheveux épars, sans maquillage, trempée… pas alors que je me croyais seule. Puis je reviens à moi, et me rends compte de mon attitude. Derrière mes paupières qui se closent, mille imprécations et injures. Bravo, c’est ainsi que tu pourras passer pour une jeune fille tout à fait convenable, en jetant autour de toi des regards d’iceberg, Alanthia. Excellent début. Et ce n’est pas parce que ce garçon a des pattes d’araignée anorexique qu’il n’est pas moins important de porter devant lui l’apparence de l’humilité, de la faiblesse.

Passant une main sur ses joues brûlantes, je me mords les lèvres, nerveuses, et baisse les yeux. Jeune. Effrayée. Perdue. Tout ce que je suis… face à lui, un ancien qui connaît les lieux. Intimidée, peut-être ? N’exagérons rien. Je relève les yeux vers lui, déglutis, attends, avec dans les yeux une question, un appel à l’aide, alors que, à mon grand déplaisir, de mes cheveux s’écoulent des gouttes froides qui viennent se perdre dans mon col, sur ma peau. Visiblement, le jeune homme est plus embarrassé que moi, ce qui rend la situation assez cocasse : je n’en doute plus une seconde, je récupérerai ces photos sans rencontrer la moindre opposition, il suffira de lui faire un peu de charme… ou de l’effrayer, en dernier recours. Rien que je ne sois capable de faire.

Je me demande qui il est et ce qu’il fait là. Sans doute l’un de ces cas de charité dont père me parle avec tant de dédain. Ses vêtements semblent corrects, mais pour être aussi maigre, on ne doit pas trop le nourrir. En même temps, c’est normal, la nourriture va d’abord à ceux qui paient pour être ici, comme moi. Ce n'est que justice… Et puis, il n’a pas l’air non plus prêt à tomber dans les pommes de malnutrition. Seul détail qui cloche, l’appareil photo : un réflex numérique… pas à la portée de la première bourse, surtout vu l’objectif qu’il trimballe. Prudence, Alanthia, malgré les apparences, ce jeune homme pourrait se révéler intéressant.

Le temps passe, le soleil se lève dehors, et quelques rayons timides commencent à nous éclairer de leur lueur blafarde. Va-t-il se décider à parler ou vais-je devoir prendre l’initiative des premiers mots ? Il ne me regarde pas, pas en apparence, mais j’enroule nerveusement une mèche blonde autour de mon index… se mettre dans la peau du personnage, vite, avant que le jeu ne commence.


-Je peux peut-être…vous aider ?

Elle a l’air emballée, l’araignée anorexique, merveilleux. Non, j’ai pas besoin d’aide, idiot : je suis juste trempée, paumée et … Et ce n’est pas comme si je frissonnais de froid, hein ? T’as raison, pas certain que j’aie besoin de quelqu’un. Surtout de toi. Je me mords les lèvres et secoue la tête négativement, tout en enroulant autour de moi mes bras, comme pour me réchauffer. Je semble hésiter… à lui arracher la tête et à lui hurler ses quatres vérités en face, à cet idiot.

-Je… J’ai froid.

Ca, c’est vrai. Je me remettrais bien à tournoyer, vois-tu, l’anorexique, ça me réchauffait bien, mais je ne voudrais pas que tu joues à nouveau le paparazzi. J’ai déjà un nombre indéterminé de photographies à récupérer/saboter. Je sais pas, t’as pas une couverture à me passer ? Je me contenterais même d’un café, là…

-Et… je … il n’y a même pas de plan de cette école ! Je ne sais pas où aller…

Ce dernier aveu étouffé, qui s'arrachait à ma gorge serrée, l’a-t-il entendu ?
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Gabriel Ahmon

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MessageSujet: Re: Pluie qui m'accueille [terminé]   Pluie qui m'accueille [terminé] Icon_minitimeVen 29 Mai - 16:58

-Je...J’ai froid...

Comment agissent les hommes lorsqu’une femme trempée et frissonnante les implore du regard afin d’obtenir un minimum de chaleur ? Se sentent-ils désireux d’assouvir les envies de la dite femme ou bien aspirent-ils à s’enfuir, comme moi, loin de cette créature frémissante ? Alors, devrais-je me montrer galant et lui remettre ma vieille chemise rapiécée et froissée, celle qui masque la maigreur de mon corps rachitique, ou lui montrer le chemin jusqu’aux appartements du directeur pour la jeter dans ses bras bienveillants et chaleureux ? D’ailleurs, pourquoi a-t-il fallu que je la découvre, moi ? Pourquoi pas ce bon vieux Rusty Savage qui l’aurait sans doute prise fougueusement à même le sol froid avant de la transporter dans son lit où elle aurait bénéficié de toute la chaleur requise et souhaitée. De mon côté, je préférais, et de loin, la laisser planter là et disparaître dans les pâles ténèbres de l’école, mais je n’étais pas un rustre ni même un imbécile. Bien qu’une étrangère papillonne frénétiquement des paupières à s’en rendre ridicule, je me dois de lui apporter le peu d’aide qu’elle réclame.

-Et…je…il n’y a même pas de plan dans cette école ! Je ne sais pas où aller…

Évidemment, l’école est plutôt vaste. La pauvre se serait perdue parmi la forêt de colonnes, dans les nombreuses galeries et n’aurait su qu’elle chemin emprunter pour se rendre chez le directeur. Le bureau de celui-ci n’était pas si loin. Progressivement, la lumière du soleil fusait des fenêtres et illuminait le hall d’entrée dans sa totalité. Je pris quelques secondes pour vérifier les lieux, je soupirai puis éteindre mon appareil photo que je fis pendre sur ma poitrine tout en le protégeant d’une main bienfaitrice. J’avais bien remarqué les coups d’œil furibonds et indignés de la jeune fille qu’elle dirigeait vers mon bien. J’y étais habitué. La grande majorité du Black Dahlia désapprouvait mes intérêts quant à la photographie et à ma façon peu singulière de m’incruster dans leur vie intime. D’un autre côté, les garçons se voyaient satisfaits lorsque je leur tendais des représentations de jeunes filles dans les douches ou forniquant allégrement dans les buissons avec un joueur de football ; et les filles se plaisaient à quémander des illustrations sensuelles de Rusty Savage. J’avais aussi le directeur qui me confiait ses propres commandes particulières et Kathleen qui me refilait des requêtes intéressantes.

J’haussai les épaules.

-Vous arrivez trop tôt…, dis-je en fixant ma montre, interdit. J’ignore si le directeur est aussi matinal. Nous pouvons toujours tenter de rejoindre son bureau et improviser s’il est absent.

Je n’osai imaginer la catastrophe si Andrew O’connell n’était pas à son bureau. Où irais-je la conduire ? À l’infirmerie ? Peut-être bien, Kathleen pourrait lui fournir couvertures et matelas et même débarquer dans le bureau du directeur et le réveiller à coup de poings si jamais celui-ci dormait paisiblement sur une liasse de papiers fripés. Un sourire étira mes lèvres à la seule mention du directeur giflé par l’infirmière en chef, scène à tout jamais figée dans une photographie saisissante. Le prix exorbitant que cette image pourrait avoir si jamais elle existait un jour. Je soupirai. Et si jamais Kathleen était aussi absente, que ferais-je ? L’amener dans mon dortoir et lui offrir le canapé …? Je lorgnai un moment la jeune fille et manquai de m’esclaffer devant l’expression horrifiée qu’elle pourrait arborer si elle en venait à se coucher sur un canapé miteux et inconfortable. Ou, je lui ferais un bon café avant de patienter jusqu’à l’ouverture de l’école.

-Bon…Allons-y…

Je fis quelques pas dans sa direction, lui intimai l’ordre de me suivre et me détournai lentement, lui laissant le soin de traîner péniblement sa valise à sa suite. J’aurais pu la transporter, cette valise, mais je n’ai jamais été un gentleman au grand malheur de mon père. Moins j’ai affaire avec les gens, mieux je me porte. Plus j’éloigne mon précieux appareil des serres acérées de cette intruse, mieux je me porte.

-Bon…Il faut juste espérer que le directeur sera là, soufflai-je.


Dernière édition par Gabriel Ahmon le Ven 29 Mai - 22:20, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Pluie qui m'accueille [terminé]   Pluie qui m'accueille [terminé] Icon_minitimeVen 29 Mai - 18:54

Zéro pointé pour l’araignée. Rachitique, habillé comme un pou, jamais vu un peigne – ni un miroir, sans doute – et autant de manières qu’il peut y en avoir dans un dé à coudre, autant dire, trop peu. Je le suis, péniblement, mâchoire serrée sur ma rancœur, les injures qui emplissent ma bouche et l’envie de le décapiter, là, tout de suite, et de me baigner dans son sang : il ne lui viendrait pas à l’idée de me refiler sa chemise, non, ou de porter ma valise. Non. Monsieur est trop bien pour ça… Notons que j’ai sans doute plus de force dans mon petit doit qu’il n’y en a dans le squelette qu’il appelle corps. Alors, il a beau protéger son appareil photo – je ne vois pas pourquoi, je suis tout à fait incapable de m’en prendre à ses possessions, voyons – c’est pas les os qu’il a à la place des muscles qui vont le sauver si je décide de passer à l’attaque.

Je me demande si ses photos sont jolies.



Suis-je bête ! Bien sûr qu’elles le seront, je suis dessus ! Même dans cet accoutrement, je ne doute pas une seconde que ma présence illumine la pellicule. Certaines personnes naissent jolies… je suis de celles qui naissent sublimes. Mais tout de même, il aurait été plus flatteur d’être prise dans une tenue et un accoutrement plus avantageux ! Quelle chance il a ce photographe amateur d’avoir pu capturer l’éclat de ma beauté ! Il devrait être à mes pieds.

Mais quelle déception aussi, quelle irrésoluble énigme, ultime frustration je dois représenter pour un artiste ! La pâleur de l’image, face à l’éclat de ma personne… Comment un jour parvenir à fixer sur le papier une image fidèle de ma personne ? Mission impossible, même mon miroir a du mal à soutenir tant de beauté. Le type même de la rose anglaise : blonde comme le blé mûr caressé par le rayon du sol, deux lagons volé aux îles et enfermé dans mes yeux, et la tendresse de l’églantier sauvage dans la carnation.

Tout le monde n’a pas cette chance… Je comprends sa fascination pour ma beauté, à ce laideron. Ne faites pas semblant, tout comme moi vous avez du voir le regard brûlant de désir qu’il a posé sur moi. Il me veut, mais il peut toujours courir, avec sa dégaine, pas question que je le touche… sauf s’il est vraiment riche. Je le ferai engraisser. Et puis, la chirurgie plastique fait des merveilles de nos jours. En général je suis plutôt contre… si Dieu a fait naître des mochetés, c’est qu’il voulait les punir, pas la peine de s’opposer au destin. Mais dans ce cas précis…

… Prie, Alanthia, prie, pour que le directeur de cet établissement soit là.

Ce n’est pas que la compagnie de l’araignée soit déplaisante, vraiment pas, j’ai juste hâte de me réchauffer et de savoir où aller, que faire, comment va s’organiser ma présence, si je dois passer les mêmes examens que le reste des paumés/riches proies de cette école… Le squelette marmonne quelque chose.. je me demande comment il peut marcher sur ses quilles. Bref… il est même pas capable de s’exprimer de façon compréhensible. Heureusement qu’il ne me regarde pas, là… A la poubelle l’image de la gentille fille perdue. Ce n’est pas parce que j’ai les lèvres bleues de froid que je n’essaie pas de percer un trou dans son dos à la simple force de mon regard.

Et si le directeur n’est pas là ? Que vais-je devoir faire ? Suivre l’épouvantail partout, je suppose ? Enfin, le seul avantage de la situation c’est que bouger m’empêche de me réfrigérer sur place. Maudit soit cet incompétent de chauffeur, mon père et son sens de l’organisation. Arriver 5 heures à l’avance, ou presque… J’ai de la chance de ne pas avoir eu à attendre plus de quelques minutes avant de tomber sur un élève. Et si la porte de l’école avait été close ? Il faudra que je fasse une scène à mon paternel à ce sujet. Comment a-t-il pu aussi mal calculer mon emploi du temps ?


« C’est loin, ce bureau ? Et… Il est comment, le directeur ? Sévère ? »

Que je sache si l’idée de tambouriner à sa porte en hurlant s’il le faut jusqu’à ce qu’il ouvre est dangereuse ou non. En même temps, à une heure pareille, c’est pas comme s’il pouvait avoir grand chose à faire, à part accueillir les élèves. Et dormir, peut-être, mais c’est secondaire, face à l’idée d’accueillir une jeune fille de bonne famille, à l’éducation parfaite, qui sera bientôt l’un des joyaux de son établissement. Non, vraiment… S’il n’est pas debout, je ne vois aucune raison d’hésiter à le réveiller. Il n’aura qu’à poser les yeux sur moi pour me pardonner. Avec père, cela marche toujours.

.. Ils ne connaissent pas le chauffage, dans cette école ? Ce n’est pas parce que l’été pointe le bout de son museau qu’il ne faut plus songer qu’à faire des économies… Quand ils fait froid, les êtres humains, surtout les jeunes filles, n’ont PAS de fourrure pour se réchauffer. L’idée peut paraître étrange, mais ma beauté, si elle fait fondre les coeurs, ne me réchauffe pas. J'espère qu'on ets bientôt arrivés...
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MessageSujet: Re: Pluie qui m'accueille [terminé]   Pluie qui m'accueille [terminé] Icon_minitimeVen 29 Mai - 23:16


-C’est loin, ce bureau ? Et…il est comment, le directeur ? Sévère ?

Je fronçai les sourcils devant ce qualificatif qui décrivait tout sauf la personnalité d’Andrew O’connell. Comment dépeindre le portrait de cet homme enjoué, resplendissant dans ses humeurs heureuses et comment il bondit par moments sur ses élèves lorsque ceux-ci deviennent brusquement brutaux et furieux. Je pourrais glisser que c’est un homme d’âge mûr, raffiné et excessivement beau selon les critères féminins de l’époque. Il est à la tête d’une école réputée, prestigieuse, mystérieuse et la mène avec détermination et fougue, bien que derrière lui plane l’éternelle ombre de Kathleen Freeman, la terrible infirmière en chef qui semble posséder un nébuleux pouvoir sur son patron. Dois-je mentionner à cette jeune fille combien le directeur apprécie la compagnie de belles femmes, mais qu’il aime surtout les amener dans les recoins sombres et secrets de l’école pour s’épancher de ses pulsions et de ses désirs ? Dois-je préciser que derrière une façade comique et exaspérante se dissimule un être vif et brillant qui calcule beaucoup plus qu’il n’y paraît au premier coup d’œil ? Ou bien, devrais-je lui confier que le directeur me refile des commandes perverses, c’est-à-dire de photographier des enseignantes pulpeuses dans des positions stimulantes ?

J’haussai les épaules et poussai un petit grognement de mécontentement. Cet homme est un cas perdu, il plonge plus profondément dans le fond du baril de jour en jour, entraînant dans le vice et la luxure son unique fils, Rusty Savage. Je frémis de dégoût et de rage. Rusty Savage…Un grand dadais déséquilibré qui se croit tout permis. Parce que nous ne figurons pas dans sa clique de cinglés à la physionomie horriblement développée, il se permet de brutaliser et d’humilier ceux qui lui sont «inférieurs». En un sens, il me fait penser à la jeune fille que je trimballe d’un couloir à l’autre.

Elle me regarde, hautaine. Elle me parle, dégoûtée. Tout chez elle respire l’égocentrisme et l’assurance d’une petite princesse qui n’a encore jamais reçu de gifles percutantes. Je pourrais peut-être virevolter sur mes talons, lui asséner une fessée mémorable et la tirer par les cheveux jusqu’au directeur. Je secouai la tête pour m’enlever ces idées de la tête. Qu’est-ce que cela peut me faire, sérieusement, que cette chipie me toise ouvertement, me dévisage, me mesure et m’évalue comme si j’étais une piètre marchandise à écarter de sa vue ? Rien. Absolument rien. Cela m’est complètement égal. Depuis l’enfance, je suis une cible parfaite de moqueries et de railleries. Je suis grand et maigre. Non. Maigre est un terme beaucoup trop faible pour me décrire physiquement. Je suis une carcasse ambulante. Ma peau est blafarde, comme un spectre. Ma chevelure est noire comme les ailes des corbeaux et d’un reflet métallique. Mes yeux sont immenses, d’un bleu profond, mais cernés de marques violacées. Je suis décharné, squelettique. J’ai l’air d’un mourant qui traîne de la patte. Avec un tel charme inexistant, je n’ai jamais eu de francs succès avec les filles et je dois avouer, sans honte, que cela me rend totalement indifférent.

Pourquoi diable mon apparence me préoccupe tout à coup ? C’est peut-être la présence de l’inconnue qui m’inspire apitoiement et désespoir. Je ricanai. Certes, elle est jolie, mais d’une beauté banale qui se démarque sur mes photographies grâce à mes compétences artistiques. Tout à l’heure, l’ambiance m’a saisi. J’étais hypnotisé par la lumière cadavérique de la pièce, par ses pas précipités, par les ronds de ses bras, par la présence surnaturelle qu’elle représentait à l’instant même. Une fois qu’elle eut terminée de tournoyer fébrilement sur ses pieds, la beauté s’était fracassée. J’avais dès lors goûté à une amère déception qui s’éternisait dans ma bouche pâteuse.

J’oubliai de répondre à sa question tant mes pensées accaparaient toute mon attention, mais je fis un effort pour jeter un regard indéchiffrable dans sa direction et je croisai des yeux froids et insatisfaits. J’haussai les épaules, fourrageai une main dans ma chevelure en bataille et lui expliquai brièvement que le directeur était un homme sympathique.

-Il donne l’impression d’être un homme soumis, mais ne te fie pas à tes jugements.

J’ignore si c’est ce qu’elle espérait comme réponse, mais je ne pris pas la peine de m’en assurer. Je m’arrêtai sans crier gare, fonçai ensuite vers la porte verrouillée du bureau du directeur sur laquelle était épinglé un petit papier où étaient gribouillées quelques mots. Je sentis me cœur fondre de découragement face à l’affreuse nouvelle qui m’était rapportée. La nouvelle se glissa près de moi pour lire ce que contenait le billet.

Bonjour,

Je suis absent pour le moment selon l’une des quelques raisons suivantes. Vous pouvez en prendre connaissance ou quitter les lieux ou m’attendre.

A)Je dors et je ne tiens pas à être réveillé de mon sommeil si durement acquis.
B)Je me balade dans l’école, armé jusqu’aux dents pour décourager les importuns qui sortent la nuit de leur dortoir.
C)Une jolie jeune femme m’a invité au restaurant.
D)Kathleen me poursuit avec acharnement et menace de me zigouiller les parties génitales.
E)Aucune des quatre réponses proposées.


Cet homme est définitivement une plaie. Par accès de détermination, je cognai à la porte, mais le silence me répondit. Je soupirai, plaquai mon front contre le battant glacial et tentai d’échafauder un nouveau système pour me débarrasser pour de bon de la jeune fille. Il était hors de question que je l’invite cordialement dans mon dortoir, mais je devais bientôt m’y rendre pour me préparer et déjeuner. Elle pourrait faire le piquet à côté de bureau. Je lançai un coup d’œil désemparé à ma montre. Cinq heures trente du matin. Je pourrais la contraindre de me suivre jusqu’à mon dortoir et la refiler à mon colocataire. Oui, c’est une bonne idée. Il sait comment agir avec les filles et endosser le rôle du parfait gentleman quand la situation l’exige. Prenant mon courage à deux mains, je me retournai vers l’étrangère.

-Et si…

Ces mots m’écorchaient la langue. Espérons qu’elle ne voit pas là une méthode fallacieuse pour la conduire directement dans mon lit. On ne sait jamais, avec les femmes. Elles décortiquent toujours tout ce que l’on dit, se méprennent sur le sens exact de nos paroles et nous claquent farouchement si elles considèrent leur honneur en danger.

-Et si tu venais dans mon dortoir jusqu’à ce que le directeur se lève et que le secrétariat s’ouvre… ? Cela serait mieux que de rester ici. Et puis…

Vas-y…Un dernier petit effort. Je n’ai jamais invité de filles de toute ma vie et ma première fois se réalise avec un petit bout de femme contrariée.

-Il y a des couvertures et une douche…

Sa chevelure blonde, séchée, virevoltait dans tous les sens et lui confèrait une allure des plus…négligée. Je me raclai la gorge et rougis. Dis non. Dis non.
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MessageSujet: Re: Pluie qui m'accueille [terminé]   Pluie qui m'accueille [terminé] Icon_minitimeSam 30 Mai - 11:55

… silence. Lourd. Pesant. Et si long… Il a perdu sa langue, l’affamé morbide? Ca serait trop difficile de me répondre, peut-être ? Impatiente, je me mords la lèvre, pour éviter de céder à mon envie de le prendre par les épaules et de le secouer. Non seulement, dans son état, il serait capable de prendre ça pour un signe de désir chez moi – oh, elle saisit toutes les occasions de me toucher – mais en plus il pourrait en profiter. Je ne lui fais pas confiance, à ce garçon, il a une tête de pervers, je préfère ne pas songer aux pensées dépravées qui doivent s’agiter dans son crâne en ce moment.

Trop tard… Je crois que je vire au vert. Seigneur, faites que je me trompe, faites que le manque de sommeil empiète sur mes capacités de jugement ! Faites que s’il met tant de temps à me répondre c’est parce qu’il cherche ses mots ! Je vous en supplie, Seigneur, la seule idée qu’il puisse me salir mentalement en m’alliant à ses ébats me donne la nausée. Faites, Seigneur, qu’il ne soit pas riche…


-Il donne l’impression d’être un homme soumis, mais ne te fie pas à tes jugements.

.. Soumis ? Comme s’il y avait la moindre possibilité pour que le directeur d’une école censée viser l’excellence soit un être soumis, rampant… Il me prend pour qui là ? Le directeur peut se donner de faux airs pour tromper les élèves, mais il n’y a pas la moindre chance que je me laisse prendre au piège, je suis bien trop intelligente pour ça, et mon jugement est sûr : il est très rare que, dès le premier coup d’œil, je ne me fasse pas une opinion assez juste des gens que je croise. Toutefois, je pardonne à l’araignée, après tout, il ne me connaît pas, son conseil part d’une bonne intention et je ne voudrais pas froisser ses sentiments en me montrant délibérément méprisante. Il le mérite, d’accord, mais j’ai trop de classe pour ne faire sentir autrement que subtilement aux gens ce qu’ils sont : inférieurs à moi… Et croyez-moi, souvent, c’est difficile de ne pas leur éclater de rire à la face.

A côté de cette affreuse créature qui me guide dans cette école et semble enfin avoir atteint sa destination, un mot collé à la porte. Le bureau du directeur, je suppose. Je parcours l’écriture avidement, mon sourcil gauche s’envolant un peu plus vers la racine de mes cheveux à chaque phrase lue. Et le sérieux, dans tout ça ?

« Vous pouvez en prendre connaissance ou quitter les lieux ou m’attendre. »

… On ne fait pas attendre une jeune femme, surtout pas une Parker, il faudra que je le lui signale… Ciel. Quel manque affligeant de classe.

« A)Je dors et je ne tiens pas à être réveillé de mon sommeil si durement acquis. »

Pas de chance, le sommeil a toujours une fin, et puis, moi, j’ai bien acquis le droit d’être accueillie selon mon rang dans cette école, non ? Alors il se passera bien d’un peu de sommeil !

B)Je me balade dans l’école, armé jusqu’aux dents pour décourager les importuns qui sortent la nuit de leur dortoir.

… Et moi je suis Cléopâtre ? Comme s’il avait besoin d’être armé pour mettre fin aux errances de quelques étudiants. Regardez l’araignée, par exemple… mh ? Vraiment pas besoin d’armes.

C)Une jolie jeune femme m’a invité au restaurant.

Ce n’est plus vraiment l’heure du restaurant et je doute que quiconque, surtout une jolie jeune femme, veuille suivre un vieux crouton dans son lit. Les directeurs d’école sont toujours vieux, ridés, barbus et répugnants… Il ets peut-être riche ?

D)Kathleen me poursuit avec acharnement et menace de me zigouiller les parties génitales.

Où suis-je tombée ! Père ! Pourquoi m’avoir envoyée ici ? Ils sont tous fous… Et visiblement le directeur doit déjà être au bord de la dégénérescence mentale la plus totale : le cerveau est touché… Ca doit être ça la mention du dîner avec une jolie jeune femme : son infirmière. Et cette Kathleen… sans doute une personne née de son imagination… A moins que ce ne soit une mesure d’hygiène ou de santé que d’émasculer le directeur ? Il paraît que les malades de Parkinson perdent toute inhibition…. Un exhibitionniste, sans doute.

… Père, je vous adore, mais il y a des moments où l’envie de vous tuer m’envahi. Pardonnez-moi.

L’idiot du village semble aussi désespéré que moi… Comme s’il en avait le droit. Jusqu’à preuve du contraire, ce n’est pas lui qui est trempé et qui vient d’arriver, non ? Ce n’est pas lui qui doit supporter une aussi peu agréable compagnie. On peut passer outre l’apparence de quelqu’un s’il a la conversation captivante. Mais il n’a que de captivant que sa survie dans un corps si… difforme. Oh… il reprend la parole. C’est sans doute son seul charme, sa voix… et là encore tout est relatif. Il a la voix rauque, à présent.


-Et si tu venais dans mon dortoir jusqu’à ce que le directeur se lève et que le secrétariat s’ouvre… ? Cela serait mieux que de rester ici. Et puis…

Je le savais ! Je le savais, je le savais, je le savais ! PERVERS !!! Il ne pense qu’à ça, à assouvir sa répugnante faim de mon être parfait, à mêler ses membres secs à la douceur des miens, à me salir, à … Mon dieu ! Il ose mentionner des couvertures et une douche ! Pourquoi ne pas directement me dire qu’il veut me renverser sur son lit puis dans la salle de bain ?.. Comment ose-t-il ? Comment peut-il imaginer qu’il a la moindre chance avec moi ?

Je le contemple, sans m’embarrasser de cacher mon expression horrifiée. Ai-je l’air d’une fille si facile ? Ou est-il à ce point idiot qu’il se croit irrésistible ? Cela confirme mon impression initiale : jamais vu un miroir, ce garçon. La seule chose intéressante, chez lui, ce serait cet appareil photo qui lui pend autour du cou. Peut-être… Oui, peut-être que si je le suis, je parviendrai à le lui arracher et à détruire les photos qu’il a prises de moi. Je détourne les yeux, en serrant autour de moi mes bras, dans une veine tentative pour me réchauffer. Je ne sais pourquoi j’ai si froid… ce n’est pas comme s’il faisait réellement glacial, nous sommes à deux pas de l’été, le soleil se lève…

L’idée d’une douche est alléchante, mais la seule perspective de la présence de ce jeune homme dans les environ ets plus que suffisante pour détruire tout espoir réel de me réchauffer. SI jamais il tente quelque chose, serais-je de taille à lui échapper. Squelettique comme il l’est, je dois être capable de lui échapper. Et accepter sa proposition me permettrait de mettre la main sur son appareil photo, je n’en doute pas. Un nouveau frisson me parcours et je ferme les yeux. Soyons, pour changer, folle, courageuse, soyons un instant irréfléchie.


« Je… Une douche ? Chaude ?… D’accord. »

Je crois que ces mots comptent parmi les plus difficiles qui aient jamais quitté mes lèvres et à la seule idée de ce qu’il pourrait tenter de me faire, je me sens frémir d’indignation. Qu’il ose, seulement, qu’il ose ! Qu’il ose ssayer, il le regretterait.

Je passe une main dans mes cheveux, en faisant rouler une mèche entre le pouce et l’index, trahissant une certaine nervosité, avant de croiser le regard du jeune homme. Inutile de prendre cet air catastrophé, ça ne marche pas, je sais bien que tu exultes à l’idée que je te suive dans ton lupanar !…

Il se met en marche, faussement accablé, et je le suis, tentant de ne pas afficher trop clairement mon exaspération face à son hypocrisie. On devrait apprendre aux gens à mieux prétendre : là, sincèrement, pas même un ours ne tomberait dans le piège, on voit tout de suite qu’il a du mal à ne pas sautiller de joie à l’idée de me conduire dans sa chambre. J’ai la gifle qui me démange… Pense à autre chose, Alanthia, pense à autre chose…


« Vous vous levez souvent aussi tôt ? »

Il me tutoie, soit, mais je ne m’abaisserai pas à une telle familiarité avec cet impudent. Ce n’est pas parce qu’il a… mon âge ? Je ne sais pas trop, difficile à dire avec sa taille… Enfin, peu importe son âge, je ne lui ai pas donné la permission de s’adresser à moi aussi familièrement. A la limite, si je voulais le tutoyer, je le pourrais, mais lui… Aucune éducation, une fois de plus, l’opinion que j’ai de lui se confirme : c’en devient presque lassant, d’avoir une telle facilité à juger les gens.
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MessageSujet: Re: Pluie qui m'accueille [terminé]   Pluie qui m'accueille [terminé] Icon_minitimeLun 1 Juin - 22:10

Il y a des choses sur terre qui échappent à mon entendement et à ma compréhension. Par exemple, je ne saisis pas pourquoi certaines personnes abhorrent les framboises, prétendant que s’agissait là de fruits velus et répugnants. Pourtant, leur teinte rouge vermeille, leur texture charnue et juteuse, leur saveur exquise et sucrée leur confèrent des atouts irrésistibles. Aussi, je ne comprends pas pourquoi certaines personnes n’idolâtrent pas Charles Baudelaire, s’excusant avec l’emploi de raisons puériles et pathétiques. Je ne comprends pas certaines personnes qui s’unissent et se plaisent dans le conformisme. Je ne comprends pas la nature féminine, ni même masculine. Je ne comprends pas les fantasmes, les désirs sexuels, les appétits insatiables des hommes aux bourses pleines de semence ni les femmes qui ont constamment les cuisses ouvertes. Je dois même avouer, avec embarras, que le sexe demeure pour moi un mystère irrésolu. Pas seulement le sexe, l’amour, les sentiments tendres qui amènent affliction, dépendance et un plaisir morbide. Ces choses, je ne les comprends pas. Tout comme je ne comprends pas pourquoi cette blondinette m’adressa tout à coup un regard pétrifié de terreur et l’instant d’après accepta ma malheureuse proposition de lui offrir un toit jusqu’au réveil du directeur.

Je pourrais peut-être inclure un article sur mon audace dans le prochain journal étudiant. En première page, Gabriel Ahmon invite une damoiselle sans défense dans son dortoir, la suite aux pages deux et trois. Gabriel Ahmon, un jeune élève lunatique aux allures d’un détenu affamé du Moyen-âge aurait, selon des sources sûres, suggérer à une parfaite inconnue, perdue dans les couloirs sombres de Black Dahlia, de la mener à son dortoir. Celle-ci, confuse devant une telle proposition et assurément indignée par tant d’effronterie de la part du jeune garçon, n’aurait balbutié que quelques mots d’acquiescement. La mine déconfite, la démarche lourde tel un condamné se traînant jusqu’à la potence, Gabriel Ahmon dirigea la fille blonde à travers les galeries silencieuses et faiblement éclairées de l’école. L’article décrirait mon courage et ma bravoure face à tant d’épreuves accablantes et expliquerait la maladresse de mes mouvements et de mes paroles une fois parvenus à destination.

Je secouai distraitement la tête.

-Vous vous levez souvent aussi tôt ?

Sa voix m’extirpa de mes rêveries. Elle se répercuta dans le corridor. C’était une voix froide, hautaine, sûre, claire et puissante. Un peu ce genre de voix que l’on attribue à des divinités féminines, mais qui manque de charme et de volupté, mais aussi de chaleur. J’ignorais pourquoi la princesse effarouchée se risquait à entreprendre une conversation avec moi, peut-être que le silence pesait trop sur sa conscience. Peu importe parce que de mon côté, je ne m’attendais pas à lui fournir satisfaction ni même à dépenser une certaine forme d’énergie à lui répondre longuement.

-Oui, fis-je.

Voilà. Réponse précise, évidente et qui ne laisse place à aucune autre interrogation importune de sa part. Si je ne dors pas à cette heure, c’est que je n’ai pas dormi de la nuit. Mes petites nuits blanches s’expliquent avec la présence de mes cernes énormes sur mes yeux. La nuit, le monde se métamorphose. Il s’affuble d’un nouveau voile, d’une mante soyeuse et mystérieuse qui accompagne et camoufle tous les secrets des ténèbres. La nuit, les objets endossent un rôle différent. Dans l’école, tout est plus sombre et sinistre. Tout est immobile et spectral, mais la nuit il y a surtout les rôdeurs. Combien d’images magnifiques ai-je capturées durant mes promenades nocturnes ? Voilà un homme qui se déplace à pas feutrés en direction des appartements de sa maîtresse. Voilà une étudiante qui s’abandonne dans l’étreinte passionnée d’une compagne. Voilà le directeur qui observe par la serrure de l’infirmerie, une coulisse de bave sur le menton. Voilà quelques étudiants qui s’aventurent à l’extérieur des murs de l’école pour une destination inconnue. Voilà des faisceaux lumineux qui s’étalent lentement sur les dalles de pierre où une araignée s’y promène rapidement. Dans la nuit, les secrets que l’on ne tient pas particulièrement à partager au grand jour deviennent accessibles et réels.

Il m’arrive régulièrement de ne pas dormir la nuit, au grand damne de mon colocataire qui s’exaspère de m’entendre grouiller pendant des heures. Je ne souffre pas d’insomnie, du moins je n’ai jamais consulté un médecin pour cette maladie. Mon père refuserait de se retrouver confronter à un fils malade nécessitant des soins spéciaux. Et ces nuits sans sommeil, je les consacre à mon art, à fouiner, à converser avec Kathleen dans son infirmerie, à réfléchir ou même à échanger des plaisanteries avec mon colocataire.

Nous quittons le premier étage en escaladant péniblement les marches avec ma carcasse essoufflée et elle en soutenant et en tirant sa lourde valise encombrante. Nous aurions pu utiliser l’ascenseur, mais la perspective de martyriser un peu la petite bourgeoise me stimulait bien plus que de m’enfermer dans une cabine étroite et étouffante avec elle. Imaginez un peu, les deux portes coulissantes se refermant derrière mon dos, m’interdisant l’accès à la liberté et à toute possibilité de fuite. Ou j’aurais pu la pousser dans la cabine, appuyer sur une touche et m’éloigner à toute vitesse dans le sens inverse. Je manquais de courage et de témérité pour oser un tel geste. Je n’étais pas un salaud, après tout. Certes, j’étais loin d’être le gentleman idéal, mais pas un salaud.

Nous atteignîmes enfin le troisième étage. La jeune fille, derrière moi, soufflait comme un bœuf, rampait sur le sol plus qu’elle ne marchait en poussant devant elle son bagage volumineux. Je me permis l’ombre d’un sourire face à cette image grotesque d’une adolescente farouche et dépeignée dont les joues étaient rosies par l’effort. Je lui fis un petit geste impatient, tapai du pied rapidement pour lui témoigner de mon mécontentement face à son avancée lente et interminable sans toutefois prendre en considération ses regards furieux. Je tripotai nerveusement mon appareil photo, me contraignant à le cacher de l’inconnue en vue d’éviter un désastre épouvantable, c’est-à-dire une prise en otage et une crise existentielle de ma part. Mon colocataire, Noäh, me l’avait retiré des mains l’année dernière. Il a vite compris qu’il devait me le rendre sous peine d’être mutilé, émasculé, brutalisé avec mes maigres moyens.

Je sortis de mes poches de jeans un trousseau de clefs, je m’immobilisai devant une porte que j’ouvris rapidement et passai en premier. Je me débarrassai de mes souliers d’un coup négligé et m’avançai en direction du réfrigérateur. J’empoignai une boîte de framboises, je rinçai les fruits, les déposai dans un bol et entrepris de manger le tout avec délectation, les paupières closes pour apprécier davantage ce petit moment de bonheur. Chaque framboise s’écrasait entre mes dents, répandant un liquide fruité et délicieux dans ma bouche. Je frissonnai, souris bêtement et mis le bol de côté dès que je l’eus vidé. Princesse me dévisageait avec un air comique et je ne pus m’empêcher de pointer vers elle l’extrémité de mon objectif. Je crus percevoir qu’elle se contracta quand, tout à coup, nous attendîmes un grognement puissant et las. Je sursautai et me faufilai jusqu’au sofa où dormait paisiblement Noäh, la bouche ouverte, les cheveux en bataille, le torse nu ainsi que les jambes, son entrejambe bien à l’abri dans un boxer usé. Une image bien peu élégante pour une blondinette outrée. Je souris.

-Bon…La douche est par là, lui annonçai-je. Ne fais pas attention au bordel.

Effectivement, pour un bordel, c’est un bordel. Nous sommes deux hommes qui vivons dans ce petit appartement. La salle de bain est dans un piètre état, nécessaire à rasoir sur le comptoir où trônes des verres d’eau et des serviettes humides ainsi que des livres de philosophie sur la toilette. Pendant que Bouton d’Or se claquemurait dans une salle de bain dont la porte refusait obstinément de se verrouiller, je m’apprêtais à faire du bon café bien frais lorsqu’une idée, une brillante idée, germa dans mon esprit. Je fixai mon appareil puis la porte de la salle de bain, mon appareil, la porte, mon appareil, la porte…Je tendis l’oreille. Le jet de douche retentissait dans le dortoir. Mes orteils remuèrent dans mes chaussettes, mes lèvres se pincèrent, mes mains se contractèrent.

Je fis quelque pas incertains, mais je m’approchai de la porte, plaquant une oreille contre la surface en bois. Hormis la douche, je ne percevais aucun bruit. Lentement, avec précaution, j’ouvris la porte et constatai que la jeune fille était derrière le rideau transparent, nue sous la chute d’eau. Comme je le pensais, elle n’était pas si attrayante sans ses vêtements. Il lui manquait des courbes, des rondeurs, des seins et des fesses, une certaine chair dans ses membres maigrelets. Mais les hommes trouveront bien le moyen de m’acheter ses photographies à un prix exorbitant. Il suffit de mentionner «fille nue» pour qu’ils s’émoustillent et réagissent aussitôt. Le bruit de l’eau me permettait de prendre une multitude de photographies intéressantes qui se vendront comme des petits pains chauds.

Je m’éclipsai avant qu’elle ne me remarque et lui préparai un café fumant, un sourire narquois à la commissure des lèvres.

-Tu as faim ? lui demandai-je lorsqu’elle émergea de la salle de bain.
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MessageSujet: Re: Pluie qui m'accueille [terminé]   Pluie qui m'accueille [terminé] Icon_minitimeDim 7 Juin - 15:50

Eau, eau, toi qui dégoulines sur moi, je t’en prie, réchauffe-moi, lave les souvenirs, emporte la viscosité du regard de ce rustre sur moi, ces sillons répugnants qui me collent au cœur et au corps... Réchauffe-moi, et chasse la peur, l’inquiétude face à ces lieux inconnus et la solitude qui me mord le cœur.

Sous le pommeau, que fonde ma carapace et se mettent à nu mes angoisses ! Jamais je ne me suis retrouvée si loin de chez moi… jamais je n’ai été mêlée à tant d’inconnus. Un moment de faiblesse fait se poser contre le blanc des murs un front épuisé… Il ne m’a même pas aidée, ce monstre, alors que je traînais des kilos de bagages sur trois étages. Sont-ils tous aussi peu accueillants ? Aussi froids ? Aussi impolis ? Je sens le sel me brûler les yeux alors que je verse dans ma main un peu de savon : parfum… cèdre. Je sentirai le mâle, mais c’eût pu être pire. Je préfère cela à la fraise ou à la vanille, de toute façon. Le sucre et moi faisons mauvais ménage.

C’est avec une langueur triste que je me savonne, une lenteur paresseuse, rêveuse, amère. Eau chaude qui cascade sur les épaules, qui se prend en rivière dans mes cheveux… balaie mes soucis, emporte les idées noires et la brûlure qui m’enflamme les yeux. Arrache la douleur, là, au fond. Et toi, parfum, avale cette solitude qui m’étouffe et peuple-la d’autres humains, de cœurs chauds, battants, auxquels s’étiolerait les pétales sombres qui m’entourent.

Les frissons, le froid, la fatigue m’ont quittée. Reste l’étouffement, le trop plein de sentiments. Et le vide. L’eau emporte le savon mais ne parvient pas à déloger ce qui me pèse. Le bleu de mon regard se pose sur un shampoing… Parfum de cèdre et pin, cette fois. Cela me convient, autant que toute autre odeur. Dans le creux de ma paume, je fait mousser le produit… et contemple l’eau qui tombe sans relâche et qui emporte la mousse blanche. Je porte à mon nez une main fripée un peu de tant d’humidité et tente de me concentrer sur l’odeur de ma peau qui se mêle à celle des produits masculins qui m’entourent. J’aurais peut-être du préférer ce morceau de savon banal qui trône dans ce coin ? L’odeur aurait été plus neutre, mais j’ai besoin de la caresse de la mousse sur mon corps. Qu’importe… A nouveau je me sers de produit et commence à masser mes cheveux, augmentant la température de l’eau autant que possible. Brûle-moi, si tu ne peux effacer les regards et la douleur.

Oo°oOo°oO


Vêtue d’une légère robe d’été bleu tendre tirée de ma valise, les cheveux répandus sur le noir d’un drap de bain moëlleux emprunté à l’un des occupants de la chambre, c’est pieds nus que je sors de la douche, ayant enterré toute pensée négative. Le miroir me l’a confirmé, mes cheveux collés à mon crâne et assombris par l’humidité, une légère humidité encore sur ma peau… je n’en ai que l’air plus fragile et le noir du tissus posé sur mes épaules comme une injure à tant de pastel renforce cette impression. Je suis un peu pâle, peut-être… Je me suis pincé les joues, à la recherche d’un peu de couleur mais je ne me sens pas très bien et je doute que les rustres qui occupent cette pièces aient la capacité de remarquer un peu de blanc là où se poserait plus volontiers le carmin.

Mon regard se pose sur le désordre qui règne dans la pièce et je n’en reviens pas encore… Comment est-il possible d’être si négligé ? Comment peut-on vivre dans pareil environnement ? Je n’avais jamais pensé que cela puisse exister en vrai. Bien entendu, les émission de télévision m’en avaient montré des exemples… je les avais toujours pensé exagérés. Avec une grimace, j’évite de marcher dans un tas de sous-vêtements. Seigneur !

Quitter l’abri de cette pile de libre qui me dissimule encore à sa vue… J’avance entre les tas de vêtements et de livres,jetant un regard suspicieux à un tas de photographies posées dans un coin. Serial photographer, visiblement… Mais je le vaincrai, c’est indispensable… Il est toujours installé dans son coin, à manger ses framboises comme s’il s’agissait de caviar. Que faire ? L’incertitude redresse mon port de tête, glace mes traits. Il ne lira en moi aucune hésitation et c’est avec la démarche d’une reine que j’avance vers lui, évitant le désordre environnant. Parmi pareil fouillis, la simplicité et la netteté de ma personne ne peut qu’être mise en valeur, n’est-ce pas ?


« Tu as faim ? »

La question me surprend et, dépourvue de réponse immédiate devant cette inattendue proposition, je le contemple, avant de hocher la tête, lentement, avec une prudence entachée de timidité. Mon regard s’est posé, le traître, sur le corps presque nu du colocataire du photographe et j’ai soudain plus soif. A-t-on idée de s’exhiber ainsi, à la vue de tous ? Mes yeux suivent un instant les lignes du corps masculin, avant que je ne parvienne à m’en détacher, à m’en arracher. Choquée ? Un peu, oui… mais au moins autant de sa presque nudité que de l’attrait indéniable qu’exerce sur moi ce corps dévoilé. Secouant un peu la tête, je pose sur l’araignée un regard assombri, approchant pas à pas. L’odeur du café emplit la pièce te vient me chatouiller les narines, éveillant mes sens.

Mais c’est le sourire narquois qui papillonne aux lèvres du jeune homme qui m’inquiète. La nette impression qu’il se moque me gèle les entrailles et les pensées... Je continue à avancer, comme dans un rêve, en me demandant d’où lui est née cette expression. A-t-il une raison de se comporter ainsi ? Bien loin de la jeune fille fragile et émotive qui se lavait, il y a peu, je ne lui présente qu’un visage neutre… glacial, peut-être. La nervosité me tord l’estomac. Il me fait approcher… dans quel but ? N’est-ce vraiment que pour me donner un café ? pour partager un peu de nourriture ? Je l’imagine déjà se jeter sur moi et retiens tant bien que mal un frisson de dégoût. Mon cœur bat à grands coups… Qu’il cesse donc de sourire… il entraîne mon cœur dans une chute sans merci.

Il va se jeter sur moi, je le sens. Me plaquer au sol, m’arracher… je déglutis, ferme les yeux un instant. Je suis plus forte que lui qui n’est fait que d’os, et il me suffira de hurler pour que son colocataire se réveille… Il semble plus sain d’esprit que ce fou qui me salit de son désir impur. Il me sauverait au besoin, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ?

Avec un sourire assuré, je rejette en arrière une mèche de cheveux, avant de tendre la main, d’un geste calme, souverain. Et c’est le drame. J’ai le temps d’apercevoir un pull sur le sol, qui a entravé mes pas, avant que je ne m’abatte en avant, dans une chute qui me semble interminable. Je heure le torse du jeune homme et l’entraîne vers le sol, qu’il heurte violemment. Mon menton s’abat sur sa clavicule et nos regard se croisent : horrifié ! C’est le mot qui semble le mieux décrire l’expression de son visage qui… aurait-il rougit ?

Je sens le rose me monter aux joues, alors que je me rends compte de notre proximité. Si proche de lui, je ne peux ignorer la chaleur qui émane malgré tout de ce corps si frêle, ni le flux et le reflux de sa respiration. Il a un nez droit, presque coupant, et des lèvres minces… mais surtout, deux lacs à la place des yeux. Et soudain… soudain je ne vois plus qu’une chose, le tic nerveux qui agite sa paupière gauche, la faisant trembler à un rythme précipité,a lors qu’il me regarde, totalement horrifié.

C’est notre expression de répugnance commune qui fait se mourir en moi toute envie de l’accuser. Je ne me suis pas fait mal, au fond… je survivrai. Je pourrais bouder pour le principe mais ce tremblement de la paupière me rappelle un célèbre écureuil… et mes lèvres s’étirent en un sourire, avant qu’un rire franc n’échappe à mes lèvres, bien que je tente de l’étouffer en me mordant la lèvre et en cachant mon visage sur son torse maigre.

Je ne sais pas pourquoi j’ai imaginé que je voyais de la convoitise dans ses yeux… Visiblement il est plus embarrassé par la situation que moi, rouge comme une tomate, alors que je n’ai pas la force de me relever tant je ris… Ne pas le regarder,ne pas le regarder, ou je vais rire à nouveau. Je parviens à me calmer, presque, mais je l’entends me parler et pire encore… je le sens trembler sous moi… et un fou rire hystérique me reprend, me secoue, si fort que je n’entends même pas le grognement du colocataire du photographe qui s’éveille : j’ai du mal à comprendre ce que me raconte le garçon qui est plaqué au sol, en dessous de moi, alors, vous comprenez, l’autre, là…

Tu voudrais savoir pourquoi je ris ? Ta question ne fait qu’apporter des larmes à mes yeux, redoubler mes soubresauts. Si tu savais… Si tu savais la peur, l’angoisse… la terreur. Et la solitude, qui m’étouffent, depuis des jours, et qui blanchissent mes nuits. Et si tu savais combien tu m’effrayais… C’est tous ces sentiments qui se libèrent dans mon rire, et qui s’écoulent via mes larmes. Je me laisse rouler et m’écroule sur le sol, aux côtés de l’araignée, tentant toujours de calmer mon rire, sans y parvenir. De plus, chaque coup d’œil que je jette au jeune homme ne fait qu’aviver ma bonne humeur. Un toussotement appuyé me fait poser le regard sur…

OH MON DIEU ! le dieu du divan s’est levé et nous contemple, visiblement amusé… je sens mon rire se bloquer dans ma gorge et le sang me monter aux joues, avec l’envie de me cacher, de m’enterrer. Avec un grognement désespéré, à l’idée de ce que ce garçon à pu voir, je roule sur le coté et cache mon visage brûlant … sur l’épaule de l’araignée. Il faut bien qu’il serve à quelque chose, non ? Oh ?.. je me doute bien que je dois former un tableau charmant, les joues roses d’embarras et si visiblement gênée… mais ce n’est pas le but principal de ma manœuvre ! Il est pratiquement nu, quoi, ce garçon ! N’a-t-il aucune décence?


"Je vais mourir, je veux mourir..."

Le désespoir dans ma voix étouffée est-il perceptible?
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MessageSujet: Re: Pluie qui m'accueille [terminé]   Pluie qui m'accueille [terminé] Icon_minitimeDim 7 Juin - 23:50

[Pardon pour la fin, je ne savais plus quoi écrire xD

Noäh nous observe d’un air mi-amusé mi-mitigé, les poings sur les hanches, les longs cheveux bourgognes cascadant sur ses épaules et masquant à peine la musculature de ses pectoraux bien dessinés. Il se dressait tel un fier Apollon affublé d’un piètre caleçon troué aux endroits les plus inconvenants. La lumière matinale, qui emplissait la pièce, épousait les formes fermes du jeune homme, découpait avec une précision prodigieuse le plus insignifiant des muscles afin de mieux l’exposer à la vue d’autrui. Sur la poitrine et sur les cuisses, des longues et terribles cicatrices ravageaient sa chair pâle, mais lui attribuèrent un air sauvage des plus appétissants. Les femmes appréciaient suivre du bout de leur doigt effilé ces marques rosées qui suggéraient un passé tumultueux en aventures.

Si j’avais été un homosexuel et sexué, je suis absolument certain que j’aurais succombé au charme dévastateur de cet homme. Son léger sourire moqueur, les fossettes dans ses pommettes, ses yeux profonds et scintillants m’auraient sans doute perturbé jusque dans les tréfonds de mon âme. Puis ses grandes mains agiles et robustes, capables d’accomplir toutes les corvées inimaginables m’aurait probablement fait fondre de désir. Ces pensées m’arrachèrent un sourire que j’effaçai aussitôt en me souvenant de la position délicate dans laquelle je me situais au réveil de mon colocataire.

Une blonde, à la chevelure humide et dégoulinante, s’esclaffait et se raccrochait à mes vêtements, le visage décomposé par un rouge pivoine effrayant tandis que des larmes d’euphorie perlaient au coin de ses paupières. Elle émit une sorte de couinement horrifié en s’apercevant de la présence éveillée de Noäh et, toujours blottie contre moi, dissimula son visage dans le creux de mon cou. Son souffle chaud et précipité me fit frissonner et ce frisson déclencha une série de convulsions affolées. Je voulus la repousser de toutes mes forces, mais mon corps, lourd comme du plomb, s’interposa devant mes injonctions virulentes. Je fermai étroitement mes paupières et priai pour que cette scène se volatilise, que je me retrouve à nouveau dans les profondeurs de l’école, dans les entrailles même de l’édifice et qu’un élève chaleureux et bienveillant s’occupe lui-même de la nouvelle. J’ouvrai mes yeux et m’aperçus du grand sourire rayonnant de mon colocataire. Son regard perçant allait de la jeune fille à moi, notant au passage nos jambes enlacées, nos bustes rapprochées, nos visages tout près l’un de l’autre. J’étais complètement mortifié. Je vais entendre parler de cette histoire pour les dix prochaines années de ma vie.

-Elle…Elle est tombée…, tentai-je d’expliquer à Noäh.

Aussitôt, il brandit des mains, paumes ouvertes dans ma direction comme pour me communiquer qu’aucune pensée effrontée ne lui avait sauté à l’esprit.

-Tu sais…tu t’envoies qui tu veux, quand tu veux. Mais tu devrais songer un instant aux courbatures après un acte aussi…violent sur le plancher.

Il me dédia un clin d’œil heureux, un sourire triomphant devant ma mine déconfite qui se transforma en un masque de pure terreur. Non…Il…Pourquoi…Non…Il n’a pas dit ça tout de même, pas devant la fille en question ? J’évitai de regarder la dame en question et m’empressai de me remettre sur les pieds, me massant le coccyx vigoureusement. Mais pour qui se prenait-il ce petit vaurien ? Prétendre que j’aurais pu…culbuter une adolescente boudeuse et austère atteint d’une quelconque folie passagère sur le sol de la cuisine alors que lui dormait sur le divan à moitié nu ? Il devait se souvenir de nos nombreuses et interminables discussions sur ma vie amoureuse inexistante ainsi que sur mes fantasmes et mes désirs absents. Je me frottai les tempes, soucieux et indigné. Comment rattraper ce faux pas sans trébucher à mon tour ? Je répondis d’un ton bourru pour Noäh et me penchai, à contrecœur, vers la damoiselle affalée sur le sol, éberluée et le teint carmin. De mon côté, je devais être plus livide que d’ordinaire. Je me rembrunis. Je lui plaçai brusquement ma main sous le nez de la jeune fille pétrifiée et comme elle ne réagissait pas, je l’aidai à se lever tout en m’étirant un muscle dans le dos. J’entendis Noäh ricaner derrière moi. Il me conseilla de ranger notre dégât avant de disparaître dans la salle de bain. Quelques instants plus tard, j’entendis le jet de la douche rugir et combler le silence tendu qui s’installait de plus en plus entre la fille et moi.

Rapidement, je happai un torchon sale qui trônait royalement sur le comptoir de la cuisine et me concentrai minutieusement à essuyer la flaque de café qui s’élargissait sur le sol. Dans notre chute, nous avions probablement dû renverser la tasse que je maintenais entre mes mains pour l’offrir à l’inconnue. Mes joues, blafardes, entreprirent de se colorer traitreusement. J’étais à quatre pattes devant la fille, frottant le carrelage comme une Cendrillon meurtrie. J’avais mal à mon orgueil et à ma dignité de mâle. Quelle image pitoyable je devais fournir. Un squelette hirsute muni de vêtements froissés et trop ambles pour lui qui se trémousse comme un ver aux pieds d’une princesse effarouchée. Pour un peu, j’irais me rouler en boule dans mon lit, disposant un assortiment de meubles de toutes les grosseurs devant ma porte pour empêcher quiconque de venir me déranger durant mon recueillement.

Je me redressai soudain, laissai choir le torchon dans l’évier et…Une vague de panique vint me heurter de plein fouet. Mes mains se mirent à tâtonner mon buste osseux à la rechercher de…Mes yeux parcoururent fiévreusement le corps de la jeune fille, étudièrent ses mains vides et pâles, puis l’endroit où nous étions étendus dans la plus grande confusion. Vide… Une sourde anxiété se mit à titiller mon esprit, à me planter des aiguilles douloureuses dans mon cerveau. Mes mains moites se crispèrent, se contractèrent, tremblèrent furieusement. Je soupirai tout à coup de soulagement en distinguant mon appareil photo sur le comptoir, patientant que je daigne m’apercevoir de sa présence. Rapidement, je le pris dans mes mains, le caressai tendrement et passai la corde autour de mon cou. Je me sentais mieux s’il reposait sur ma poitrine.

-Hum…Je te refais un café ?

Je tripotai mon appareil, fixant le plancher, les épaules voûtées, honteux de ma personne. Et puis, je ne tiens pas particulièrement à braver son regard et y lire certaines choses embarrassantes. Mon attention se porta sur mon appareil, renfermant les images les plus secrètes et indécentes de la jeune fille. Je l’ai immortalisée dans diverses positions ; caressant sa cuisse pour la savonner, passant ses mains menues dans sa longue chevelure mousseuse, ses doigts frôlant ses petits seins aux mamelons hardiment dressés, son dos arqué ou incliné, une vue entière de son postérieur, une apparition fugitive de son pubis. Je dois connaître son corps plus qu’elle ne le connaît elle-même. Je me tapotai la lèvre inférieure tout en supputant sur les prix que ces photographies me reviendraient. Seulement, je devrais me montrer davantage vigilant afin de préserver ces clichés hors de la portée de la jeune fille. Je ne parie pas cher de ma peau si elle les découvrait entre les mains souillées et poisseuses d’adolescents en rut.

Une fois le café préparé, j’en bus une tasse et en tendis une autre vers la jeune fille. J’allai moi-même la lui porter afin de prévenir un second incident malheureux. Entre temps, Noäh avait terminé sa toilette et revint vers la cuisine d’un pas de conquistador. Il était élégamment vêtu d’une chemise pourpre déboutonnée sur la poitrine et d’un jeans sombre clairsemé de sangles noires. Il gratifiant la jeune fille d’un sourire ravissant et la complimenta sur sa tenue bleue poudre. Quant à moi, je trouvais que cette couleur lui donnait quelques livres en plus. J’haussai les épaules. Mais on savait tous bien, la mode et moi, ce sont deux choses bien différentes. Pourquoi s’enquiquiner d’une coquette robe bleu pastel lorsqu’un t-shirt gris et un vieux pantalon suffisent ?

Pendant que Noäh s’affairait à cuisiner des petites crêpes délicieuses, je décidai de suivre l’exemple de mes deux compagnons et profitai des avances de Noäh sur la princesse pour prendre une douche. Par mesure de sécurité, je verrouillai la porte derrière moi. Je déposai mon appareil sur une pile de vêtements sales et me déshabillai en vitesse. Je sautai ensuite dans le bain et fit gerber une pluie torrentielle sur ma tête. Quoi faire maintenant ? Comment agir ? Je demande à Noäh de s’occuper de la jeune fille ? La pousser dans ses bras musculeux demeure la meilleure façon de parvenir à mes fins, c’est-à-dire la paix et la quiétude dans mon esprit tourmenté. Bon, dès que je sors, je m’habille, je l’amène au bureau du directeur et nous patientons jusqu’à ce qu’il pointe le bout de son nez. Je hochai la tête et poursuivis le lavement de mon corps quand je m’immobilisai soudain, envahi par une décharge d’effroi. J’ai oublié la serviette. Celles que nous avons sont toutes dans le panier à linge sale. Je plissai les paupières et pestai entre mes dents. En tant normal, ce genre de situation ne m’aurait guère chiffonné, mais une prude séjournait extraordinairement dans ce dortoir et je dois avouer que je suis un tantinet pudique devant des étrangers, surtout si ce sont des êtres dotés d’une poitrine et d’un sexe différent du mien. Je fis remuer mes orteils.

J’ouvris doucement la porte. Tout était étrangement silencieux. Noäh était-il parti avec la fille ? Aucun bruit n’entravait la tranquillité du dortoir. Je m’avançai lentement, à pas feutrés. Je portais mon t-shirt qui atteignait mes cuisses et rien d’autre. Un vaste chandail gris dans lequel je semblais flotté et me perdre dans cet espace vide. Autrement, je ne portais rien d'autre. Pas de caleçons ni de pantalons. Je sentis un petit courant d'air frais me balayer les fesses et caresser une partie indécente de mon anatomie. Je me dandinai légèrement tout en poursuivant mon inspection de l'appartement. Rien. Je tendis la tête vers la cuisine et le salon, aucun mouvement. J’arquai les sourcils et conclus que j’étais enfin seul. Je me détournai vers ma chambre et me figeai, cessant immédiatement de respirer. La jeune fille se tenait dans l’embrasure de la porte de la chambre et me regardait avec de gros yeux.

Oui, bon. La vue de mes jambes rachitiques devait lui soulever le cœur. Je m’empourprai et bafouillai des explications incohérentes sur ma tenue actuelle.

-Qu’est-ce que…tu…Pourquoi es-tu…Que…

Je pris une profonde respiration. Je sentais le rouge pigmenter mon épiderme.

-Tu cherchais quelque chose ? demandai-je d’une voix aigue.

Où était ce satané Noäh ? Il ne pouvait pas veiller aux bons soins de l’adolescente ni la surveiller ? Puis, je me souvins. Noäh quittait toujours plus tôt les matins.

Je soupirai, résigné. C’est à moi qu’incombe l’ingrate tâche d’accueillir jusqu’à la toute fin cette fille boudeuse. Avant tout, enfiler quelque chose et ensuite lui demander si, par hasard, elle avait un prénom.
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MessageSujet: Re: Pluie qui m'accueille [terminé]   Pluie qui m'accueille [terminé] Icon_minitimeMer 17 Juin - 18:13

…je veux mourir. Ou fondre… Non, non, je ne veux pas fondre, je n’ai aucune raison de faire ça ! je veux mourir de honte. Ou tuer ces deux mecs témoins et instruments de mon humiliation. Les torturer lentement, puis mettre fin à leur vie, avec toute la cruauté dont je suis capable. Entre les explications balbutiantes de l’épingle à cheveux et le regard goguenard du demi-dieu, je voudrais ne plus exister. Je me relève péniblement, sans retenir la noirceur de mon regard lorsqu’il se pose sur le jeune homme en train d’éponger le café renversé. Tout est de sa faute, à cet échalas !

Du bout des lèvres, j’accepte une tasse de café et le laisse s’agiter, évitant mon regard, pour préparer la boisson, avant de m’en tendre une tasse que je porte à mes lèvres en m’efforçant de ne penser à rien… Surtout pas à mon humiliation qui colore encore mon teint, ni à la moquerie de l’inconnu. Oh, ils vont souffrir tous les deux ! je le jure sur tous les dieux ! Même l’apollon, là, qui revient avec des vêtements dignes de ce nom… Comme quoi, s’ils partagent une chambre et leur bordel, ils n’ont pas le même goût déplorable en ce qui concerne les vêtements. Et qu’est-ce qui lui prend, de me sourire ? et de me complimenter ? Il est fou ?… Je veux partir !

Mais avant toute chose, je ferai souffrir ce lâche qui prend la fuite, direction douche. C’est facile, ça… En plus il ose emporter son appareil photo avec lui... Il doit se douter de mes intentions louches à l’égard de l’appareil. Monsieur Maigrelet vient de gagner un ticket pour l’enfer, félicitations à notre heureux vainqueur !!! Les joues brûlantes, je m’assieds sur le sol puis me redresse, ignorant les commentaires du colocataire. Je pense que si mes yeux pouvaient tuer, il serait mort depuis longtemps, mais il semble totalement ignorer mes intentions si visiblement violentes à son égard… et je finis par détourner les yeux, sous prétexte de me resservir une tasse de café. J’en sers une supplémentaire et la lui tend, au cas où.

Il semble plein de bonne humeur, engage la conversation, se présente, parlant de tout et de rien… je lui réponds par monosyllabes, murmure mon prénom, souffle, soupire autant par colère qu’humiliation, mais il semble vite se lasser de faire seul la conversation. Je lui bat froids, faut dire, et très vite ses efforts se font plus vides, puis disparaissent. Tant mieux. Je n’ai aucune envie de garder sous les yeux ce visage trop parfait, mensonger, qui cache un corps balafré. D’où a-t-il pu acquérir des marques aussi affreuses, d’ailleurs ? Si j’étais ainsi marquée, je suis certaine que je me serais déjà pendue, malgré mon visage et ma silhouette parfaite. Je ne pourrais supporter pareille disgrâce.

Il me fixe un moment en silence et je lui lance un regard made in icebergland à ma façon tout en buvant, jusqu’à ce qu’il détache les yeux de moi. Qu’avait-il à me fixer ainsi ? Sans doute en train de se demander comment je pouvais traîner avec une horreur comme son colocataire, là. Je le comprends, mais il aurait pu poser la question directement, non ? Là, il a presque réussi à me faire rougir.


« Bon… J’ai un rendez-vous dans 10 minutes, je te laisse. »

Non mais vas-y, je vais pas te retenir, t’inquiète. J’ai toujours des photos à récupérer, après tout. Et c’est pas comme si ta compagnie, bellâtre, était beaucoup plus agréable que celle de l’araignée. Franchement, je me serais passée de l’historique de l’école. Je reconnais que j’ai pas vraiment répondu à tes questions, mais fallait faire plus original que « tu t’appelles comment ? » ou « alors comme ça tu sors avec Gabriel ? » Ce n’est pas demain que j’oublierai la lueur moqueuse dans ton regard devant ma réaction indignée. Merci, mais j’ai trop de goût pour m’associer à certaines personnes et j’aimerais oublier cet épisode.

« A une prochaine… »

« A jamais » mon grand. Enfin, si ça ne dépendait que de moi, tu ne me reverrais jamais, et je me passerais volontiers de tes yeux rieurs et du souvenir de ton corps et de tes affreuses cicatrices. Mais voilà, on est bloqué dans la même école, ce qui te donne droit à un semblant d’acquiescement, avant que je ne replonge le nez dans ma tasse vide.

Les secondes passent, je détaille la pièce des yeux. Le désordre est total, des tas de vêtements sur le sol aux feuilles et restes de nourritures sur les étagères et le bureau. Le nez froncé, je me lève et approche d’un trognon de pomme ratatiné… Comment peut-on en arriver là ? A vivre dans une telle porcherie. Je m’éloigne avec une mine dégoûtée d’un tas de chaussettes et m’aventure un peu plus loin, pour arriver dans les chambres : là non plus, pas le moindre semblant d’organisation, et je secoue la tête, stupéfaite. Etrangement, je ne peux résister et me retrouve à faire les lits de ces deux idiots… je ne supporte pas la vue d’un lit et de draps en désordre, c’est maladif…

Mieux vaut ne pas songer à tout ce qui a pu salir ces draps… Un passage par le lavabo, là, dans le coin de la chambre, est inévitable. Mes mains sont savonnées jusqu’aux coudes, pour chasser toute trace de ce que j’ai pu effleurer. Le miroir me renvoie mon reflet, confirme que mes cheveux commencent à sécher. Je me contemple un instant, dans ce décor inconnu, ne reconnaissant rien dans cette image inversée. Je me laisse un moment dériver au gré de mes pensées.. et en revient inévitablement à la raison de ma venue. Je me demande si ce Noah est riche…

Il y aurait bien une façon de le savoir. Fronçant les sourcils, elle cosulta son images quelques secondes, avant de s’accorder un sourire amusé. Elle était seule… Comment résister à l’envie d’en profiter ? malgré la crase et le manque d’hygiène… Je n’aurai jamais d’autre occasion de fouiner dans les affaires du jeune homme, sans doute. Mais comment deviner quel lit, quelle commode est à qui ? J’ouvre celle qui est la plus proche et en parcours le contenu, en tentant de ne rien déranger. Rien de spécial. Le tiroir suivant contient quelques papiers… rien à nouveau qui ne puisse m’éclairer.

Avec un soupir, je passe à l’autre meuble, espérant y découvrir plus d’informations et.. bingo ! Ce sont les affaires de l’araignée que je parcours : un énorme tas de photos, mais aussi quelques lettres. La douche coule encore, mais sans doute pour peu de temps. Me mordant la lèvre, j’ouvre la fine feuille de papier pliée et le parcours, avant de passer avec avidité à une autre feuille. Incroyable mais vrai… Il n’est pas aussi miséreux qu’il y paraît. Beaucoup moins, même.

Le silence a soudain un goût presque cendreux, alors que je remets ses affaires en place et me dirige vers la salle principale. Et là… Là, je me retrouve face à l’échassier.L’échassier riche. Celui qui pourrait résoudre mes problèmes.. et, au lieu de lui faire mon sourire le plus charmant, je le fixe, les yeux ronds, l’air ridicule, je le sens… mais comment concilier son apparence avec son porte-feuille ?


-Qu’est-ce que…tu…Pourquoi es-tu…Que…

Super éloquent. Je ne réponds pas, j’ai le cerveau vide. Je vais devoir le draguer ? …

-Tu cherchais quelque chose ?

J’entrouvre la bouche, pour répondre, la referme, le contemple un moment en silence, regarde le chandail qui doit cacher son corps rachitique, déglutis, puis, enfin, retrouve ma voix, au moins aussi aiguë et embarrassée que la sienne ?

« Euh… Je commençais à m’ennuyer et j’ai voulu faire le tour, pour savoir à quoi m’attendre quand j’aurai une chambre. »

J’espère surtout ne jamais retrouver ma cambre dans un tel état de désordre, mais je m’abstiens de le lui dire. Après tout, il va falloir que j’apprenne à lui devenir agréable, non ? Autant commencer tout de suite. Le chandail qu’il porte est trop large pour lui, et gris, ce qui lui donne un teint terreux. Et je me serais bien passée de voir ses longues pattes d’insecte et ses genoux cagneux. Je détourne le regard, passe une main dans mes cheveux, puis le bouscule, sans prévenir, et retourne dans la salle principale ou je me sers un peu de ce café encore tiède qu’il avait préparé. Beaucoup de lait et de sucre, tant que le breuvage en devient imbuvable. Mais je n’en ai cure.

« Je ne voulais pas être indiscrète… Désolée. »

On sent que les mots m’arrachent à moitié la gorge. Je n’ai pas l’habitude de m’excuser, même par mensonge, cela se sent. Bien sûr, je ne suis pas une seconde désolée, mais l’important c’est qu’il le pense… ou qu’il puisse se dire que peut-être je le suis.

« Un peu de café ? Il est encore tiède… »
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MessageSujet: Re: Pluie qui m'accueille [terminé]   Pluie qui m'accueille [terminé] Icon_minitimeVen 26 Juin - 19:58

Je n’aime pas cette fille. Voilà, j’ai décidé. Je déteste sa manie de dévisager, sa petite moue pensive, cette curieuse et malveillante lueur qui brille dans les tréfonds de ses prunelles froides. Je déteste sa voix autoritaire et sévère qui me fait tant penser à celle de ma mère. Je déteste ce petit corps dénué de sensualité et de charme qui s’est accroché à moi plus tôt dans la matinée. Je déteste sa façon de fureter partout, de fouiner, d’enregistrer tous les petits détails insignifiants. Finalement, je déteste ce nouveau regard qu’elle porte ver moi. Évaluateur, songeur, déterminé. Je le sens qui me suit, qui m’analyse, qui me scrute. Une fois mon attention portée sur elle, la jeune fille se détourna prestement et enfouit son visage dans une tasse de café. Que cache-t-elle ? Je fronçai les sourcils, haussai les épaules et acceptai la tasse qu’elle m’offrait sans grand enthousiasme. J’étais épuisé et je me devais de réveiller toutes les neurones de mon cerveau pour réussir mon examen de mathématique qui suivrait dans les prochaines heures. Le café était amer et fade, trop froid. Avec une moue dégoûtée, je le repoussai sur le comptoir.

Un vent frais vint caresser mes jambes nues. Celles-ci se hérissèrent et me firent comprendre que je portais toujours un long t-shirt gris qui pendouillait mollement jusqu’à mes genoux. Le rouge envahit mon visage. La honte me fit courber l’échine. Je bafouillai des excuses à l’inconnue et me précipitai en trébuchant jusqu’à ma chambre tout en plaquant les pans du chandail autour de moi, question d’éviter d’exhiber une partie timide de mon anatomie. Je refermai la porte sèchement derrière moi, le souffle court, tremblant sous l’humiliation d’une telle bêtise de ma part. C’est quoi cette façon de se trimballer à moitié nu devant une blondasse rigide ? Maintenant, je comprends bien mieux ses regards indescriptibles sur ma personne. Elle était secrètement offusquée de ma tenue. Une fille de sa condition doit être habituée aux belles toilettes soignées et complètes. Je réprimai un gloussement nerveux et me dépêchai d’enfiler quelque chose de décent. Un vieux jeans trop amble resserré à la taille grâce à une ceinture de cuir usée par les ans et une chemise noire rapiécée, mais propre. Ensuite, je ratissai la chambre dans sa totalité pour dénicher des bas semblables et dépourvus de fentes grosses comme mes pouces.

Je brossai mes cheveux et les nouai négligemment sur ma nuque, des mèches rebelles et humides étaient plaqués contre mon front et mes joues, mais j’étais beaucoup lâche pour me faire une vraie toilette impeccable. Je passai la corde de mon appareil autour de mon cou et le laissai pendre sur ma poitrine. C’est une fois vêtu des orteils jusqu’au menton que je rejoignis la jeune fille immobile dans la cuisine. Je ne me donnai même pas la peine de lui demander son prénom, j’allais la conduire chez le directeur et ne plus jamais entendre parler d’elle. Ah moins que…Son prénom serait utile pour vendre les photographies prises durant sa douche. J’acquiesçai et dus m’étirer la langue plus d’une fois pour parvenir à poser ma question. Alanthia Parker fut sa réponse minaudée d’une petite voix. Ses parents sont cruels.

C’est drôle … Alanthia… Ce nom sonne bien plus personnage d’histoires fictives qu’humains bien réels. Stéphanie, Aurélie, ou Laura irait beaucoup mieux avec son visage qu’Alanthia. Alanthia…ça ressemble au nom d’une courtisane, d’une aristocrate riche et fantastique, belle et séduisante, ou d’une reine appartenant à un monde fantaisiste. Alanthia s’agence plutôt mal avec l’apparence banale de cette fille ou de son comportement de gamine écervelée et capricieuse.

Je secouai ma tête pour chasser ses élucubrations grotesques et inutiles. Maintenant que j’étais prêt et elle aussi, apparemment, nous pourrions retourner au bureau du directeur. De cette façon, je pourrais me retrouver enfin seul et me débarrasser de cette enquiquineuse, j’aurais même quelques minutes pour photographier des spécimens intéressants si j’avais un peu de chance. J’opinai du chef et heureux des perspectives qui m’attendaient, je pivotai vers Alanthia pour lui partager ma décision, seulement les mots moururent dans ma gorge. Mes yeux s’exorbitèrent, ma bouche s’ouvrit grandement et mes genoux s’entrechoquèrent bruyamment.

Trop proche. Pourquoi est-elle là ?

-Tu rougis souvent comme ça ? me demanda-t-elle avec un petit sourire en coin.

N’importe quel homme rougirait de consternation en constatant une soudaine et brusque proximité avec une créature féminine dont les lèvres sont à quelques centimètres de distance – en hauteur, au moins de le préciser - ! Bon sang, à quoi joue-t-elle ? Il y a quelques minutes, elle sirotait un café à deux mètres de moi et maintenant…Et maintenant, je sens son souffle chaud contre mon visage, ses yeux rivés vers les miens.

-Je..euh…Ne…Non…Oui…Pour-pour…

Je panique. C’est aussi simple. Je n’aime pas les gens. Et les gens me le rendent bien. Noah et Beatriz sont les deux seules personnes qui me tolèrent et m’apprécient, et les sentiments sont réciproques. Et pour une raison que j’ignore encore, Noah est le seul à pouvoir déposer une main sur mon épaule, caresser mes cheveux ou me consoler en me serrant dans ses bras musculeux et puissants. Quant au reste de l’humanité, qu’il garde ses distances avec moi et je suis satisfait. Alors voilà les causes de mon agitation face à cette jeune effrontée qui se presse presque sur moi. Je hais les contacts physiques autant que je hais mon père. Et je hais les femmes parce qu’elles me rendent mal à l’aise. On ne sait jamais à quoi pense une femme ou pourquoi elle agit d’une telle manière. Chaque action dissimule des intérêts secrets. Chaque regard et chaque mouvement signifient quelque chose de particulier que la femme laisse le soin à l’homme de décortiquer. La femme a été façonnée dans l’espoir de maltraiter et d’embêter l’homme. Voilà tout … Et Alanthia fut créée pour me martyriser. Ça, j’en suis absolument certain …

-Écoute…si…si…si tu vou-voudrais…re-re-cul-ler…, bégayai-je maladroitement en tendant mes mains entre nous deux tout en lui offrant du terrain en reculer de quelques pas.

Elle me fixa durant un long moment, tête inclinée avant de réduire les centimètres bienfaiteurs qui nous séparaient de quelques pas glissants.

Diable…

-Qu…qu’est-ce qu-que…tu fais?
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MessageSujet: Re: Pluie qui m'accueille [terminé]   Pluie qui m'accueille [terminé] Icon_minitimeMer 1 Juil - 19:19

Je le contemple, avec, derrière mon sourire assurée, une panique grandissante : je suis proche de lui, trop proche, ça m’effraie, je combats le rouge qui menace d’envahir mes joues, tant bien que mal. Je lui laisse le rôle de la pastèque, je ne suis pas du genre à être impressionnée ou gênée… Surtout pas devant un maigrichon comme lui. Il est plus grand que moi, mais je suis plus impressionnante que lui, il suffit de l’entendre balbutier et de contempler son regard affolé. J’ai le pouvoir de le mettre dans un tel état ? Je tente d’utiliser cette idée pour me rassurer.

Et mon sourire s’affermit, en l’écoutant, en levant vers lui l’azur de mon regard, tentant d’en réchauffer les profondeurs. Je me mords la lèvre, pour tenter de ravaler un rire. Il a reculé un peu, mais je ne lui en laisse pas l’occasion. Glissant sur le sol, j’efface la distance qui nous sépare, avec bien plus d’assurance que je n’en possède, pour venir me coller à lui, ou presque. Dieu qu’il est grand. Et comme je déteste être parfois si petite !


« Qu…qu’est-ce qu-que…tu fais? »

Je hausse un sourcil, délicatement, avec une moue amusée. Ne pas trembler, ne pas trahir ma nervosité… au contraire, sembler parfaitement à l’aise. Je laisse mon corps se tendre vers lui, en le fixant, sans relâche. Mes joues se teintent de rose, je le sens.

« Je crois que je me rapproche de toi… »

Je tente un demi-sourire, puis détourne les yeux, quelques instants, le temps de me convaincre que tout cela est nécessaire. Puis je lève une main, la tend vers lui, effleure le tissus qui recouvre son torse maigre. Et ma main retombe, tout aussitôt. Pivotant sur mes talons, je m’éloigne, à pas nerveux, tout en me traitant de couarde. Mais voilà, je n’aime pas ce garçon, je ne le supporte pas, même si je peux feindre de l’apprécier. Je ne suis pas encore prête à me coller à lui, à le séduire… Est-ce par lâcheté que je me persuade que ce serait aller trop vite, de toute façon, que de l’embrasser, là, tout de suite ?

Je pose sur un meuble la tasse de café vide que j’ai encore à la main. Et je me tais, un instant, avant de me retourner vers lui avec l’ombre d’un sourire, comme si rien ne s’était produit entre eux. Je le hais, ce garçon et son regard plus bleu que le mien, qui me fixe avec un mélange de peur et d’incompréhension. Je hausse les épaules, avant de demander, d’un ton dégagé :


« Dis… Tu ne crois pas que le directeur est de retour ? Je ne veux pas non plus squatter indéfiniment tes quartiers, je vois bien que ma présence te met mal à l’aise. »

Je lui jette un regard qui se veut goguenard, avec un peu de gentillesse amusée, pour enrober le tout. Assise sur une chaise, les jambes croisées, je le regarde. Est-il du genre à être ému par une beauté froide, parfaite ? Ou serait-il sensible à cette imperfection, cette légère trace de vulnérabilité qui ne l’avait pas quittée depuis qu’ils s’étaient rencontrés ?

Ses cheveux emmêlés étaient-ils une arme ? Ou l’éloigneraient-ils d’elle, malgré sa beauté ? Malgré ses charmes ? Elle le fixait, tentant de percer à jour sa nature. Bien entendu, il ne devait pas être le seul jeune homme riche de l’école, mais il était le premier qu’elle croisait et lui semblait être une cible parfaite : après tout, il n’avait pas le physique facile et serait sans le moindre doute flatté de voir une créature aussi délicieuse qu’elle s’intéresser à lui, sans être au courant de sa fortune. Oui, il était la victime idéale de ses machinations.


« … Il n’y a vraiment aucune raison d’avoir peur de moi, tu sais. Je ne mords pas… enfin, pas avant qu’on ne me le demande. »

… Et me voilà à faire des insinuations ridicules, avilissantes, qui ne me ressemblent pas. Je ne suis pas du genre à faire des insinuations sexuelles. Tout d’abord parce que je n’ai pas besoin de cela pour ravir l’esprit d’un homme, et ensuite parce que rien n’est plus mauvais genre que ce genre de technique de séduction. Je le fixe une seconde, puis détourne les yeux, tout en faisant tourner entre mes doigts un stylo, de plus en plus vite.
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Gabriel Ahmon

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MessageSujet: Re: Pluie qui m'accueille [terminé]   Pluie qui m'accueille [terminé] Icon_minitimeDim 12 Juil - 14:40

-Il n’y a vraiment aucune raison d’avoir peur de moi, tu sais. Je ne mords pas…enfin, pas avant qu’on me le demande…

Silence. Pourquoi les gens lui demanderaient de les mordre, de toute façon ? Ce qu’elle dit n’a vraiment aucun sens. Premièrement, je n’ai pas peur de toi…Ou peut-être suis-je profondément terrorisé par cette mégère, si terrorisé que je ne remarque pas les ravages de cette crainte sourde sur ma personne. Je suis pétrifié parce qu’un corps de sexe féminin s’est soudainement approché du mien, et non parce qu’Alanthia Parker est effrayante. Je suis tétanisé parce que ses prunelles bleutées reluisaient d’une lueur malsaine, et non parce qu’Alanthia Parker est un personnage imposant.

Je n’ai pas peur d’Alanthia Parker…Je n’ai vraiment pas peur.

J’acquiesçai à sa demande de retourner au bureau du directeur. Avec prudence, je contournai la chaise sur laquelle elle était confortablement assise tout en fixant la jeune fille d’un œil méfiant, comme si je m’attendais à une mauvaise surprise de sa part. Qui sait, elle pourrait encore se prendre les pieds dans la poussière et me tomber dessus, chose que j’aimerais grandement éviter si je le pouvais. Je n’ai pas peur. Je n’ai simplement pas confiance dans la maladresse et l’étrangeté de cette créature énigmatique.

Les femmes, elles sont toutes identiques. Elles considèrent les hommes comme…des proies, des esclaves, des biens à posséder et prennent pour acquis que ces hommes leur appartiennent corps et âme. Elles sont sournoises, hypocrites, fourbes, rusées, malveillantes. Elles servent leurs intérêts. Elles sont elles-mêmes prisonnières de leurs désirs et envies.

J’haussai les épaules et fouillai sur le comptoir à la recherche de mes clefs. Je déplaçai des liasses de papiers racornis et tachetés de café et de nourriture et tombai sur deux billets d’un rave qui aura lieu vendredi soir prochain. Je les regardai pendant un court moment avant de les épingler au mur et encourageai Alanthia à me suivre tout en lui suggérant subtilement de transporter sa valise. Je tiens à me débarrasser d’elle sous tous les points. Les seuls souvenirs qu’il restera de cette pénible mésaventure seront les photographies nues de cette femme que je vendrais aux élèves de cette école comme des petits pains chauds. Il y a toujours des hommes pour baver et se tripoter le sexe devant des courbes féminines. Je frémis juste d’y penser et pressai Alanthia de me suivre rapidement.

Les couloirs se remplissaient. Des étudiants nous jetèrent des coups d’œil curieux. Des filles dévisagèrent la nouvelle qui se pavanait, la tête haute et fière, le port droit et sévère comme si elle avait une grosse…hum…dans les fesses. Des garçons me lancèrent des coups d’œil surpris ou songeurs. Des enseignantes, de plantureuses femelles sensuelles au sourire rayonnant, saluèrent Alanthia poliment. Pour ma part, je marchais d’un pas vif et immortalisais certaines images avec l’aide de mon appareil photo. Une fille aux cheveux bleus à la mine sombre. Un garçon épuisé qui bâille sans retenue. Philipe, l’assistant du directeur, qui s’avance furieusement vers nous.

J’accélérai mon allure, percevant derrière moi un juron coloré alors que je me précipitai vers l’assistant du directeur de l’école. Celui me vit et se figea, portant son attention vers la chose traînante qui nous rejoignait lentement. Je tripotai nerveusement l’objectif de mon appareil.

-Monsieur…? J’ai recueilli cette jeune fille à l’entrée de l’école, ce matin. Elle désire s’adresser au directe…

-Si tu as de la chance, tu pourras le croiser dans son bureau avant qu’il n’aille gambader dans les bois avec quelques pucelles effrontées. Je n’ai pas le temps de m’occuper de cette nouvelle, je dois…

Il se secoua, nous salua et reprit sa marche rapide et pressée. Je n’ai vraiment aucune chance. Je soupirai.

Une fois parvenus au bureau du directeur, nous rencontrâmes une porte entrebâillée.

-Bon…Je te laisse ici, dis-je à la jeune fille.

Je cognai doucement et un homme à la chevelure blanche et au sourire sympathique vint à notre rencontre.

-Ah…j’imagine que vous êtes Alanthia ! Je vous attendais.

Andrew O’connell ouvrit davantage le battant, prit la note épinglée et l’arracha doucement.
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