L'école du Dahlia Noir
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 Pile ou Face [PV Kayga]

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MessageSujet: Pile ou Face [PV Kayga]   Pile ou Face [PV Kayga] Icon_minitimeVen 3 Juil - 11:04

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Assise en tailleurs sur mon lit, je regardais la feuille blanche posée négligemment face à moi, attendant la venue salvatrice de mon stylo. Malheureusement, celui-ci se faisait attendre, trop occupé à se faire mordiller pour songer à retrouver le papier. En effet, je m’amusais à le faire distraitement rouler entre mes molaires, comme je le faisais souvent lorsque je réfléchissais, appréciant le tintement que cela produisait et entreprenant de le faire claquer sur ma dentition avec plus de régularité. Je veillais tout de même à ne pas le serrer trop fort, ne me souvenant que trop bien qu’avoir de l’encre plein la bouche n’était jamais très agréable… ce qui m’était arrivée régulièrement à l’époque où je n’avais pas du tout le contrôle de ma force.

Cette pensée me fit jeter un coup d’œil à ma paume où se dessinait une fine cicatrice qui s’effaçait à vue d’œil. Non, je ne pouvais pas véritablement affirmer être à présent capable de maîtriser totalement ma puissance. Cette blessure ridicule en était la preuve. Je me souvenais encore de l’expression d’inquiétude excessive de mon frère lorsqu’il s’en était aperçu. Il se faisait toujours tellement de soucis pour rien… Enfin, je m’en étais bien tirée pour cette fois. J’avais juste eu l’obligation de faire un saut à l’infirmerie. La femme qui y travaillait, une certaine Kathleen je crois, avait eu la décence de ne pas poser de question. Une qualité que j’appréciais particulièrement et qui m’inciterait à y retourner si l’occasion se présentait… ce que je n’espérais pas évidemment.

Je laissai échapper un soupir en devinant que ça ne serait pas la dernière fois que ce genre d’incidents se produirait. Maudissant profondément le responsable de tout ça, je reportai mon attention sur la lettre que j’avais entamée, à l’attention de ma tutrice, Meredith. Où en étais-je déjà ? Ah oui, voilà…
Otant à regret le stylo de mes lèvres, j’en reposai la pointe sur la feuille, me remettant rapidement à tracer des lettres joliment arrondies et très féminines.


« Au début, il n’a pas vraiment réagi. Il est resté dos à moi, pendant que je descendais les dernières marches. Enfin, je ne le voyais pas distinctement à cette distance et dans cette position mais je ne l’ai pas senti bouger avant quelques secondes. Tu crois que c’est à cause de ce que j’ai dis ?
Enfin bref, je lui ai donc demandé d’où il venait mais je crois que j’aurais du m’abstenir de lui poser la question. Seulement, je ne sais pas mais il m’a rendu curieuse, je crois. En fait, je n’avais pas l’intention de lui laisser croire qu’il m’intéressait, tu comprends ? C’est pour ça que j’ai fais semblant de demander ça pour la forme. Il est suffisamment orgueilleux comme ça alors je ne voulais pas en rajouter.

En tout cas, moi, je l’attendais en bas des escaliers (bah oui, je ne savais pas par où aller alors bon) et il a commencé à me rejoindre. Je l’ai senti qui s’approchait. Là, il me dit un truc du genre : « - Je viens de Russie ma chère Lena. ». Non mais tu imagines ?! Moi je me dis « Ma chère Lena ?! Il est vraiment louche, ce type ! » mais je préfère ne pas répliquer. Déjà parce que je ne saurais pas quoi dire. Je n’étais pas sa chère Lena ! On ne se connaissait même pas ! Je me suis demandée pour qui il se prenait, moi. En même temps, ça m’a fait bizarre. « Sa chère Lena », tu te rend compte ? … Personne ne me dis des trucs comme ça à part Nat’. (D’ailleurs, il t’a répondu l’autre fois ou toujours pas, que je sache si je dois lui arracher les yeux ?) J’ai pas l’impression d’être importante et précieuse. Bon ce Kayga disait ça sans être sérieux mais je me demandais… est-ce que je te suis chère, Meredith ? Toi, tu l’es pour moi, en tout cas.

Bref, la familiarité dont il a fait preuve et tout ça, ça me dépasse un peu, à vrai dire. Le pire, c’est que je pouvais voir son visage maintenant et qu’il affichait un de ces airs de supériorité si frustrant qui me faisait me sentir si minuscule. En plus, il avançait comme si… comme si il était un roi ou je ne sais pas quoi… En fait, il s’y croyait, à fond ! Je t’assure. Je trouvais déjà qu’il faisait prétentieux mais après ça c’était encore plus frappant ! Je me rappelle m’être dis à ce moment très précis que je l’aimais pas du tout ce type. Il avait l’air trop intouchable. Et dire que ce n’est qu’un misérable humain… Enfin, je ne dis pas ça pour toi hein. Mais il est tellement fragile en vérité. Pourtant quand j’étais là, face à sa mine arrogante… j’avais vraiment l’impression que j’étais la plus vulnérable de nous deux. Ça plus son odeur si bouleversante, je ne me suis pas sentie très bien et pas du tout rassurée. C’était bizarre et inhabituel. L’espace d’une seconde, je me suis sentie… aussi impuissante que n’importe qui. Ah, c’est dur à expliquer !

Mais attends, ce n’est pas tout ! Je croyais être au bout de mes surprises avec lui. Je veux dire, il me paraissait très étrange déjà mais d’un coup il s’est mit à rire très fort. Et moi, tu sais, je comprenais rien du tout. Je me sentais totalement larguée, en fait.
Ce rire là, il n’a pas de sens, si ? C’est bizarre, je n’arrête pas d’y repenser. A ce rire. J’essaye de trouver sa signification et son origine et je n’y arrive pas. C’est énervant de ne pas comprendre. Les humains sont trop compliqués, Meredith. C’était plus simple quand tu étais là pour m’expliquer et m’aiguiller. Là, je suis toute seule et je nage en pleine incompréhension vis-à-vis de cette réaction.
Quoi qu’il en soit, il a éclaté de rire et moi… moi je ne savais pas du tout comment réagir. Ça me faisait drôle à l’intérieur. Il avait l’air sincère, ce rire. Est-ce que je sais rire comme ça, aux éclats, moi ? Je ne crois pas. J’ai trop de retenue pour ça. Je l’ai envié l’espace d’une seconde d’en être capable. Je crois que ça m’aurais plu de pouvoir me joindre à lui. Tu pense que j’en serais capable, un jour, Meredith ?

Mais pour en revenir à ce que ça voulait dire, tu crois qu’il se moquait de moi ? Je n’en ais pas eu particulièrement l’impression, personnellement. Plus comme s’il se moquait de lui-même. Sauf qu’il n’a pas l’air du garçon ayant beaucoup d’autodérision. Il était sérieux comme un pape et d’un coup il avait réellement l’air de s’amuser. Oui, il s’amusait, tout seul mais il s’amusait quand même. Reste à savoir pourquoi. Je suppose que je ne le saurais jamais.
Tu sais Meredith, il est plus beau comme ça. Quand il rit que quand il fait son malin, je veux dire. Je préfère son visage quand il sourit. C’est plus harmonieux. J’aime l’harmonie.
Dis, tu trouves ça normal, toi, son comportement ? J’ai beau méditer là-dessus, moi ça me parait toujours aussi insolite.

Pourquoi est-ce que ça me préoccupe tant, d’après toi ? … Ça fait quatre jours et j’ai du mal à ne pas y songer. Pas seulement à ce rire mais à tout ce qui s’est passé… à lui, en fait. Je le déteste, ce Kayga Vassily. Je ne veux plus jamais le voir, plus jamais subir son parfum. Ça me fait peur. Oui, j’ai peur de le recroiser et de me rendre compte que son odeur a toujours le même effet sur moi. J’ai réussis à me contrôler mais est-ce que j’y arriverais la prochaine fois ? Prions pour qu’il n’y ait plus de prochaine fois.

Mais je m’éloigne des faits. Donc l’adolescent riait et moi je restais neutre et immobile, attendant juste qu’il se calme, les sourcils légèrement froncés sous le coup de la perplexité. Il ne s’en est pas rendu compte, je pense. Pas étonnant, il était trop occupé à s’éclaffer pour rien et à me mettre ainsi mal à l’aise. Après, quand il est redevenu sérieux, il m’a souri, encore amusé visiblement. Je n’ai pas réagi. Je me sentais trop froissée pour ça. Nous nous sommes remis en route. Enfin ! Il marchait devant et moi derrière. Pas trop loin quand même. Je ne voulais pas me laisser distancer. J’ai recommencé à retenir mon souffle et j’ai jeté un regard à ma main. Le saignement était moins important. Tant mieux. L’odeur était moins forte comme ça.

Ensuite, on est arrivé devant une large porte et il l’a ouverte sans se poser de questions, sans me regarder non plus. Et devine quoi ? Cet idiot nous avait ramené dans le hall ! Moi je me suis immobilisée en voyant où nous étions. Je ne savais pas si j’étais furieuse ou amusée par ce détour inutile qu’il nous avait fait faire. Il m’a bien eu, pas vrai ? Rappelle-moi de ne jamais plus demander mon chemin à un russe.
Donc, il m’avait berné. J’aurais du me fier à mon instinct quand je n’avais pas senti Natanaël. Voilà où ça conduisait de faire confiance à des inconnus. Il s’était bien moqué de moi… C’était peut-être pour ça le rire en fin de compte. Il devait être content de lui et de sa mauvaise blague. Quel crétin.
Il ne m’a pas fallut longtemps pour déterminer que j’étais plus fâchée qu’amusée. J’ai d’ailleurs eu la fâcheuse envie de lui mettre une claque. Je n’aime pas qu’on se joue de moi. Tourner en rond alors que Nat’ m’attendais, ça a eu le don de m’agacer d’autant que cette bêtise m’a forcé à passer bien plus de temps que nécessaire en son horripilante compagnie…

Là, lui il a commencé à avancer dans le hall en me disant qu’on était presque arrivé. Pour ma part, j’ai hésité à le suivre encore ou a arrêter les frais immédiatement. Si ça se trouvait, il ne savait pas plus que moi où il allait ! C’est ça que je me suis dis… et puis… je lui ai quand même emboîté le pas. La faute à son parfum, évidemment… J’avais trop de mal à me défaire de son emprise pour parvenir à le laisser partir comme ça. C’était rageant pour moi. Je me sentais humiliée. Il me fait tourner en bourrique et je n’ai quand même pas d’autre choix que de le suivre encore, comme un brave toutou. Je ne suis pas domesticable en temps normal, tu le sais…
Mais finalement, j’ai perçu l’arôme de mon frère alors j’en ai conclu qu’il avait décidé d’arrêter son petit manège et j’ai gardé le silence. C’était ça où je le fusillais verbalement, de toute façon.

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, on s’est retrouvé au deuxième étage, près de la salle de détente. Il a ouvert la porte. Y avait beaucoup de monde à l’intérieur et ça m’a arraché un frisson de mécontentement. Je n’aime pas ça. La foule. Je n’avais pas envie de me mêler à tous ces supporters, à tous ces étrangers, tu vois. Mais comme il y avait Nat’, et qu’il m’avait probablement déjà senti, je ne pouvais pas faire demi-tour. Surtout si ça impliquait de passer une minute de plus à me torturer olfactivement et mentalement à cause du blondinet.

J’ai donc fais un pas à l’intérieur mais j’ai rien eu le temps de faire que j’ai sentis la main de Kayga se refermer sur mon poignet. J’aurais pu l’éviter mais user de mes reflexes hors du commun n’aurait pas été une bonne idée, n’est-ce pas ? Alors je suis restée sage et disciplinée et j’ai laissé faire. J’ai quand même frémis à son contact et j’ai eu très envie de me dégager. Je ne l’ai pas fais. Pourtant, j’étais en colère de son « je-me-crois-tout-permisme ». Je me suis laissée entraîner à sa suite sans opposer de résistance. Je ne suis pas certaine de savoir exactement pourquoi, pour tout te dire. J’avais peut-être peur que mon geste soit trop sec, trop violent. Dans mon état d’agitation, je n’étais pas certaine de pouvoir doser correctement ma force. Et puis, j’étais trop étonnée par sa façon d’agir si peu convenable. A croire qu’il ne s’interdisait jamais rien… Tiens, tu vois, on en revient un peu à la notion de liberté dont il m’avait parlé. C’était peut-être ça sa conception à lui. Dans ce cas, on n’a pas la même.

Bref, il s’est arrêté et moi aussi. On se faisait face. Je me suis dis une fois encore que j’aimais ses yeux même si je n’appréciais pas forcément la haute estime qui se dégageait d’eux et après je me suis sentis attirée vers lui, doucement… J’ai fais un pas malgré moi dans sa direction, réduisant encore la distance trop maigre à mon goût qui nous séparait. J’ai eu envie de fuir.
La proximité mettait à mal ma résistance, tu comprends. Quand je te dis que c’est un miracle qu’il s’en soit sorti vivant !
Finalement, il m’a dit très exactement ces mots : « - Un de ces quatre, il faudra que tu m’expliques en quoi tu es plus libre que moi… ».

Ça m’a fait réfléchir. Lui, il a forcément des liens non ? Des parents, de la famille… et bien sûr l’inconnue avec qui il avait fait l’amour. C’est autant d’attaches qui le rendent moins libre que moi, non ? Je ne sais pas. Moi, à part Nat et toi, je n’ai personne. Mais est-ce que tous les deux vous êtes mes attaches ? Est-ce que votre existence me rend moins libre ? En tout cas, j’ai goûté à la véritable liberté à une époque et ma nature me rend plus disposée que les humains à la liberté, à la solitude aussi. J’ai toujours pensée que l’un rimait avec l’autre. Solitude et liberté, je veux dire. Pourquoi est-ce que je commence à remettre ça en question ? Tu as une explication, toi ?
Cela dit, je suis toujours persuadée de ce que je lui ai dis. Je suis plus libre que lui. Je le serais toujours, pour dire vrai. Je ne suis pas capable de voir le monde comme les humains et ça me rend prédisposé à la liberté. Nous sommes des loups sauvages et indomptables, non ?
Oups, désolée. Je ne devrais pas écrire toutes ces choses. Tu n’as jamais été à l’aise quand je m’exprimais comme ça, pas vrai ?


Dernière édition par Lena Nassalia le Ven 3 Juil - 11:44, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: Pile ou Face [PV Kayga]   Pile ou Face [PV Kayga] Icon_minitimeVen 3 Juil - 11:06

Enfin, j’étais perdue dans toutes ces considérations et je n’ai pas tout de suite remarqué qu’il s’était éloigné et avait hésité. Toutefois, il a reprit la parole et ça m’a permit de revenir un peu parmi eux. « - Et pour info… pour moi, la liberté, ça ressemble plutôt à ça… », qu’il a dit. Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de m’interroger sur le sens de sa phrase que j’ai sentis un contact sur mon postérieur. Tu réalises un peu ? Ce rustre m’a mis une main aux fesses ! Et moi, je suis restée là, les lèvres légèrement entrouvertes, totalement tétanisée par ce geste et incapable de réfléchir correctement. Ça m’a drôlement secouée, tu sais. J’étais comme en état de choc. C’est étonnant que je ne sois pas devenue rouge de honte et de rage… Non, je me suis contentée de le fixer, l’expression vaguement outrée quand même.
Et après, histoire que je me sente plus mal encore si c’était possible, les occupants de la salle se sont mis à siffler bêtement. Moi je… je ne suis pas habituée à ça. Déjà l’agitation me rend nerveuse mais là, j’étais le centre d’intérêt de tout le monde ou presque et j’aurais voulu devenir invisible. J’avais envie de leur crier « regardez votre match bande de crétins ! ».

Ensuite, quand mon incrédulité s’est passée, j’ai eu envie de sauter sur lui et de lui arracher la tête. Tout en le toisant avec une animosité palpable, j’ai eu du mal à me retenir de le faire, tu sais. Et ça n’avait plus grand-chose à voir avec les effluves qu’il libérait dans son sillage, crois-moi. Enfin, disons que l’espace d’une minute je l’ai maudis et détesté avec une virulence dangereuse pour mon self-control. Je me suis sentie tellement mal, tellement rancunière brusquement. J’ai eu peur de ne pas savoir m’empêcher de m’en prendre à lui… j’ai eu peur de ne pas réussir à conserver ma forme humaine… et il ne m’a pas du tout aidé à le faire, cet imbécile imbu de lui-même. Au contraire, il m’a nargué d’un « encore mieux que je le pensais. ».
Oh bon sang, si tu savais comme ça m’aurait fais plaisir, et du bien, de le rouer de coups ! Il était fier de lui en plus, ça… ça l’amusait. Je le sentais dans sa voix, dans ses yeux. Il riait intérieurement de cet offense qu’il venait de me faire subir et je ne l’en détestais que plus.

Mais, en vérité, ce n’était même pas pour moi que ça a été le plus dur. C’est Nat’ qui a le plus souffert de son petit jeu. Tu sais combien il veut me protéger de tout… Ça ne lui a pas plu du tout et en plus l’autre a eu le culot de le provoquer après ça, en mimant de lui faire un bisou couplé à un clin d’œil. Tu imagines ?! Une vraie tête à claque, ce type !
J’ai bien cru que Nat’ allait exploser. Heureusement, l’idiot ne s’est pas attardé après ça. Il est parti, la tête haute, se pensant sans doute victorieux de je ne sais quoi…

Moi, je me suis dépêchée de rejoindre Nat’. Il tremblait tellement il était énervé. J’ai eu peur qu’il ne se contienne pas. Tu l’aurais vu. Il émettait cette espèce de grondement de gorge presque inaudible pour l’oreille humaine et il avait le regard vraiment noir. En fait, à mon avis, il mourrait d’envie de se lancer à la poursuite de cet insolent. Non mais je te jure, provoquer ouvertement un loup-garou ! Il n’avait pas trouvé plus risqué à faire ? … Bien sûr, il n’en sait rien mais moi j’ai vraiment eu peur.
Du coup, j’ai posé la main sur l’épaule de Nat’, en espérant le calmer mais il s’est reculé, en me foudroyant du regard. Je l’ai mal pris, pour ne rien te cacher. Il me reprochait ce qu’il venait de se passer, tu te rends compte ?! Comme si j’y pouvais quelque chose, moi ! Et puis, même si je l’avais voulu, je ne lui appartiens pas jusqu’à preuve du contraire. Tu ne crois pas qu’il exagère des fois ? Ce n’est pas mon père quand même ! Il a tendance à l’oublier on dirait…

En tout cas, son mouvement, ça m’a rendue furieuse. Peut-être parce que je l’étais déjà contre le blondinet, peut-être parce que j’étais déjà tendue et prête à craquer, peut-être à cause de ma frustration de ne plus sentir l’odeur de cet idiot… je n’en sais rien mais je l’ai giflé méchamment. Oh, je ne suis pas fière de moi ni du regard mauvais que je lui ai lancé, hein… surtout avec l’air déçu et blessé qu’il a affiché après ça. Pourtant, je ne m’en suis pas voulu tout de suite. Les regrets sont venus plus tard, lorsque j’ai réussis à retrouver tout mon sang froid. Enfin, je me suis montrée relativement calme là, en vérité j’étais morte d’envie de le mordre à ce moment là… et ils y avaient les autres personnes aussi, celles qui avaient poussé un « ouuu » lorsque ma main gauche avait heurté sa joue, celles que j’aurais bien contrains au silence…

Bref, Nat’ et moi, on s’est défié du regard un moment et il a fini par baisser la tête. Il a regardé ma main blessée avant de s’en emparer avec douceur et de me demander ce qu’il s’était passé. Je lui ai répondu que ça n’était pas ses affaires. Il a accusé le coup et mon agressivité en courbant un peu l’échine et il m’a recommandé d’aller à l’infirmerie. J’ai refusé. Il a insisté. On s’est à nouveau défier du regard. J’ai finis par céder et on s’est séparé. Il n’a pas regardé la fin du match.
En tout cas, on s’est fait remarquer de tout le monde. Je déteste ça.

L’infirmière a désinfecté la plaie sans me poser de question et ma mis une petite bande histoire de maintenir la compresse qui recouvrait la coupure et je suis remontée dans ma chambre. Nat’ y était. Il m’attendait. On s’est réconcilié, comme toujours. »



Mon stylo se figea l’espace d’une seconde tandis que mon regard se troublait. Je me redressais un instant, avec un soupir. Evidemment, je ne pouvais pas lui raconter notre réconciliation. Elle trouverait cela trop bizarre. Elle ne comprendrait pas. Elle jugerait, comme les autres.
~ … et tu vas vraiment te jeter dans les bras d’un mec qui te regarde comme ça ?! ~
Je secouai la tête avec exaspération, me demandant quand ce type allait enfin déserter ma mémoire.

Cette dernière était malheureusement en train de s’activer tandis que je visionnais la mine déconfite de mon jumeau et ses prunelles brillantes lorsque je l’avais retrouvé. Il était si fragile… et si beau ainsi drapé dans sa vulnérabilité…
Des bras qui s’enroulent autour de moi tel un serpent voluptueux… des excuses gémies dans un souffle, ses lèvres fébriles sur mon front, puis sur ma joue avant qu’elles ne s’écrasent délicatement sur les miennes… mes mains caressant lentement sa chevelure bleuté alors que je le berçais tendrement comme l’eut fais une mère…
Un frisson m’arracha à cette réminiscence quelque peu dérangeante et un nouveau soupir m’échappa.
Non, vraiment, les autres étaient ridicules. Nat’ et moi, on s’aimait très fort mais pas de la façon qu’ils s’imaginaient ! Nous étions un frère et une sœur, point final. Ça n’irait jamais plus loin.

Peu désireuse de m’attarder dans ce genre de réflexion, je me repenchais au dessus de mon courrier, non sans jeter un regard par l’unique fenêtre de l’endroit. Le soleil s’était levé depuis une bonne heure. En silence, je tendis le bras pour éteindre la lampe de chevet, estimant la lumière suffisante pour voir correctement. D’ailleurs, celle que j’avais allumée artificiellement n’était justement qu’un artifice destiné à me faire paraître normale étant donné la qualité de ma vision nocturne.
Sans perdre plus de temps, je me replongeais à l’écriture de cette espèce de roman qui servait de lettre.


« Depuis, il ne s’est pas passé grand-chose. Je suis restée cloîtré au maximum dans la chambre tellement j’appréhende de le revoir. Maintenant que je t’ai tout raconté, tu comprends mieux pourquoi je le déteste, non ? Je vais tout faire pour l’éviter. Je ne voudrais pas avoir à revivre ça… endurer encore sa présence. J’ai réussis à me tempérer alors mieux vaut ne pas tenter le Diable. Son odeur m’est trop insupportable… trop agréable en fait pour que je puisse tenir, surtout avec la rancœur que j’entretiens pour lui maintenant.
J’avoue que je ne sais pas trop quoi faire. On partage la même école alors c’est presque inévitable qu’on soit amené à se rencontrer de nouveau, non ? Si tu as des conseils, je suis partante, en tout cas. Sur ce, je te laisse. A bientôt. Passe une bonne semaine.


Lena. »


Je me redressai, m’étirai longuement avant de m’emparer du papier et de le glisser dans l’enveloppe où était déjà écrite l’adresse de la destinataire…
La France… Mon pays. On ne pouvait pas dire que ça me manquait. En revanche, ma tutrice, elle, me manquait. Je me gardais pourtant bien de le lui dire hein, n’étant guère habituée à exprimer mes sentiments de la sorte.
Chassant cette sombre rêverie sur mon incapacité émotionnelle, je retournai m’allonger, ayant une dernière pensée pour le jeune russe avant de tomber de sommeil.

[…]

J’ouvris les yeux quelques heures plus tard, tournant légèrement la tête vers le réveil qui indiquait neuf heures dix du matin. Avec un bâillement discret, je me redressai, n’aimant pas traîner inutilement au lit. Quelques minutes après, je m’engouffrai déjà sous le jet tiède de la douche.
Ce jour là, j’optai pour une robe violine et bordeaux, qui s’attaché au niveau du cou et qui était lassée sur le devant, au niveau de la poitrine et assez ample dans le bas en dentelle. J’enfilais une paire de chaussure assortie, à talons et qui se lassait sur mes mollets avant d’attacher mes cheveux comme à l’accoutumé à l’aide d’un ruban de la même couleur que l’ensemble de la tenue.

Fin prête, je quittai la salle de bain miniature, me dirigeant vers le petit frigo de la chambre. Cependant, il fallait se rendre à l’évidence. Il était bel et bien vide… et je n’avais plus rien à me mettre sous la dent. M’autorisant un juron suivit d’un grognement exaspéré, je refermais la porte avec une violence qui fit trembler le malheureux frigidaire… Et oui, j’étais rarement de bonne humeur quand je n’avais pas eu ma ration alimentaire…
Exaspérée par ce début de matinée froissant, je mis rapidement de l’ordre dans la pièce, veillant notamment à refaire le lit afin qu’il ne montre plus le moindre pli. Puis, je griffonnai rapidement un petit message à l’attention de Natanaël, lui recommandant de ne pas s’inquiéter et de me rejoindre à la cafétéria.

M’assurant d’un dernier coup d’œil que tout était en ordre, je m’emparai de l’enveloppe, ouvris la porte, sortis de la pièce et la refermai soigneusement derrière moi. Mais à peine dehors, je me figeai aussitôt tandis qu’un parfum familier venait me titiller les narines. Stupéfaite, je lâchais mon courrier, le regardant tomber pendant ce qui me parut d’interminables secondes, ce qui était plus facile que d’observer droit devant moi et de risquer de rencontrer un regard bleu et hautain.
Mon cœur battant la chamade eu un raté tandis que je n’osais pas lever la tête pour apercevoir le détenteur de cette senteur printanière. Crispée à l’extrême, je me baissais lentement pour ramasser la lettre, me relevant un peu plus vite mais sans grande motivation.
Hélas, au bout d’une seconde où je fixais l’enveloppe de nouveau en sécurité au creux de mon poing, je du me résigner à fixer le couloir qui s’étendait devant moi.

Comme je l’avais deviné, il se trouvait devant moi. Mon regard se planta avec une assurance que j’étais loin de ressentir dans le sien, l’air bien peu avenant. Je restais ainsi à le fixer un moment avant de me mettre en marche, sans un mot. J’arrivais prestement à sa hauteur puis… le dépassai sans broncher, bien déterminée à ignorer cet imprudent trop vaniteux dont les gestes et les propos me restaient en travers de la gorge.
C’était dur… très dur de résister à l’appel de son odeur toutefois il était hors de question de remettre sa vie en jeu comme je l’avais fais quatre jours auparavant, aussi détestable soit-il. Non, je n’avais plus l’intention de jouer sa survie à pile ou face…
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